Une méthode ingénieuse pour voyager gratis!

Une méthode ingénieuse pour voyager gratis!

En ces périodes d’inflation galopante, durant laquelle on est particulièrement regardant aux dépenses et soucieux, aussi, de faire quelques économies, même les plus modestes, je crois avoir trouvé la méthode pour voyager gratis dans les transports en commun.

L’idée est d’une banale simplicité : il suffit de présenter une coupure de 200 Da décharnée à la personne faisant fonction de receveur, lorsque celle-ci vient réclamer son du.

Je l’ai découverte en empruntant un bus de transport privé. Voyant que je lui proposais un billet de monnaie sur le point de rendre l’âme, refilé par un commerçant, à mon insu, lors d’un déplacement à l’intérieur du pays, celui-ci refusa tout net de l’accepter. Devant mon insistance, il me déclara qu’il me permettait d’effectuer le trajet sans bourse déliée.

Dans un second moyen de transport, un bus de la RSTA en l’occurrence, je présentais derechef le même billet, sommairement rafistolé de bandes adhésives. Observant négligemment le coupable, le billet pas moi, le receveur tourna les talons sans demander son reste. Lors de son second passage j’insistais auprès de lui pour m’acquitter de la course. Sans résultat.

Ma journée terminée, je repris une autre desserte de la RSTA à bord de laquelle je tentais, une fois encore, de me débarrasser de cette monnaie qui, décidément collait à moi. Voyant l’état de ce que je lui présentais comme dividendes, le receveur me fit savoir qu’il allait revenir. Je l’attendrais en vain.

A ma descende du véhicule, je m’empressais d’aller faire changer ce chiffon auprès d’une banque. La préposée me conseilla, alors, de me rendre auprès d’une succursale de la Banque d’Algérie, seule habilitée, selon elle à prendre en charge les billets sur le point de rendre l’âme.

Dépité, je décidais de rentrer chez moi. Une dernière fois, et bien que possédant l’appoint pour régler le prix du voyage, je proposais, une fois encore, mon malheureux billet (je l’étais plus que lui), au receveur qui, à ma grande surprise l’endossa sans mot dire. Ouf, je m’en étais, enfin, débarrassé!

La prochaine fois, au cas où je me retrouverais, par inadvertance, propriétaire d’un billet en si piteux état, je serais, peut-être, tentée de voyager en taxi, sachant que les propriétaires de ces véhicules ne se font payer qu’une fois la course effectuée.

Je testerais, qui sais, ce subterfuge dans un des nombreux « fast food » que l’on retrouve à tout coin de rue ou bien auprès de commerces ou l’on ne paye qu’après un service rendu.

Je doute fort, cependant, que les personnes à qui je présenterais mon argent le refusent. Elles le prendront, à coup sûr, mais, certainement, non sans manquer de vouer aux gémonies la personne qui les aura ainsi possédés.