Une médaille de l’ordre du mérite national à des écrivains, penseurs et artistes : On se réconcilie avec les arts et les lettres

Une médaille de l’ordre du mérite national à des écrivains, penseurs et artistes : On se réconcilie avec les arts et les lettres

L’Algérie a toujours eu une dette envers ses artistes, ses écrivains, ses penseurs, ses poètes et elle s’emploie, tant bien que mal, à la solder à travers ce geste de reconnaissance.

Surprise. Après avoir longtemps relégué aux oubliettes les arts et les lettres, la République a décidé de les honorer. Et pas de la moindre des manières, mais en reconnaissant et en élevant aux pinacles ceux qui les auront le mieux incarnés. En effet, dans un décret signé par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, il a été décidé de décerner de grandes distinctions à plusieurs écrivains, artistes, poètes, penseurs, philosophes, cinéastes et musiciens algériens, vivants et morts, célèbres et peu connus du grand public.

Il s’agit notamment de l’immense écrivain, penseur et anthropologue Mouloud Mammeri dont le centenaire, qui se tient cette année, est placé sous le patronage du président de la République, de Abderrahmane Hadj Salah, académicien et chercheur linguistique, de Abou Laid Doudou, écrivain et traducteur, de Nabhani Kribaa, philosophe et penseur, Boualem Bessaih, homme de lettres et écrivain, de Cheikh Bouamrane, philosophe, penseur et académicien, de Chabane Ouahioune, écrivain et romancier, de Djamel Amrani, poète, de Yamina Mechakra, écrivaine et chercheuse universitaire, de Djouher Amhis Ouksel, écrivaine et éducatrice, Amar Aït Zaï (Amar Ezzahi), artiste populaire, de Abdelmadjid Meskoud, artiste, de Houari Blaoui, artiste, de Hasna El Becharia, artiste, de Akli Yahiatene, artiste, de Lounis Aït Menguellet, poète et artiste, de Mohamed Lamari, artiste, de Choukri Mesli, artiste plasticien.

D’autres noms, certes moins, illustres, mais qui ont aussi donné à la culture, aux arts, aux lettres et la pensée algériennes leurs lettres de noblesse à un moment où être acteur culturel revêtait une dimension existentielle puisqu’il s’agissait d’affirmer l’âme d’une nation en construction, sont également honnorés par la République: Baya Mahieddine (Fatma Haddad), artiste-peintre, Brahim Beladjrab, artiste et chercheur en patrimoine, Tayssir Akla, musicien et artiste, Ahmed Ben Bouzid (Cheikh Attalah), artiste et homme de théâtre, Mohamed Salim Riad, réalisateur, El Hadj Rahim, réalisateur, Mounir Bouchenaki, expert en archéologie et El Cheikh Said Kaâbache, savant et exégète du Saint Coran, Larbi Dahou, écrivain et poète, Mohamed Salah Sedik, écrivain, Nacerddine Saidouni, historien, Mohamed Abou El Kacem Khemar, poète, Fadhel Noubli, musicien. Une médaille de l’ordre du Mérite national au rang de «Athir» a ainsi été décernée à Boualem Bessaih et une médaille de l’ordre du Mérite national au rang de «Achir» à chacun de tous les autres noms. Cette reconnaissance, à titre posthume pour bien des noms, notamment celui de Mouloud Mammeri, Djamel Amrani, Yamina Mechakra, Chaâbane Ouahioune, Nabhani Kribaâ, Aâmar Ezzahi, peut être perçue comme étant tardive.

Mais, comme il se dit en pareilles circonstances, il vaut mieux tard que jamais. Car, jeune nation, l’Algérie a profondément besoin que ceux qui portent ses rêves, que ceux qui la chantent, la pensent, la gravent sur les marbres des millénaires, ceux qui portent sa voix dans les cénacles internationaux se sentent légitimes et reconnus par les leurs. Mais le fait que des personnalités encore vivantes soient honorées, notamment Aït Menguellet, Akli Yahiatene, Djouher Amhis Ouksel, Abdelmadjid Meskoud, Houari Blaoui, Hasna El Becharia, augure d’une nouvelle ère: une ère de réconciliation entre la République, ses arts et ses lettres.

Plus qu’une gloire personnelle des concernés eux-mêmes, cette reconnaissance consacre l’honneur et la souveraineté morale de la nation. L’Algérie a toujours eu une dette envers ses artistes, ses écrivains, ses penseurs, ses poètes et elle s’emploie, tant bien que mal, à la solder à travers ce geste de reconnaissance. Il est à souhaiter que de tels gestes se renouvellent et suscitent d’autres initiatives allant dans le même sens pour que plus jamais un artiste, écrivain, penseur, chercheur, philosophe ou autre ne se sentent seuls en Algérie, abandonnés par les leurs.