Le dinar a enregistré hier encore une forte baisse face au dollar et à l’euro. Le cours d’ouverture du dinar contre le dollar sur le marché interbancaire des changes s’est établi à 105,5264 DA (contre 102.93 DA jeudi 13 août) à l’achat et 105,541 DA (contre 102,94 DA jeudi) à la vente pour un dollar.
Il a plaidé, à cet effet, pour une réaction de l’Etat, rappelant que «les entreprises ont toujours revendiqué l’achat des devises à terme pour se protéger des fluctuations du taux de change».
Mais, déplore-t-il, «l’achat à terme des devises n’a jamais été appliqué en Algérie». Pourtant, une instruction relative à «l’achat de devises à terme» a été émise par la Banque d’Algérie en 1993. «L’achat à terme est un engagement d’achat de devises destinées à la couverture de paiements extérieurs, dont le décaissement de dinars se fait préalablement et la livraison des devises s’effectue à la levée du terme appelée échéance», indique cette instruction.
Celle-ci précise aussi que «l’achat à terme de devises est destiné à couvrir les engagements de paiements extérieurs y compris les frais annexes inhérents à une transaction commerciale». Et d’ajouter que «l’achat peut être engagé à tout moment, sur demande de l’importateur, par la banque commerciale en rapport avec la Banque d’Algérie».
Le gouvernement appelé à agir
Ziani relève que «les entreprises ont supporté seules les précédentes dévaluations du dinar et subissent aussi les risques de change des opérations commerciales en devises». A cet effet, il préconise l’application de l’achat de devises à terme, moyennant la souscription d’une police d’assurance. Mohamed Laïd Benamor, PDG du groupe Benamor, a souligné, pour sa part, que la baisse de la valeur du dinar est «défavorable» aux entreprises, car «leur marge de manœuvre et leur visibilité se réduisent».
Ce chef d’entreprise se voit obligé de répercuter la hausse des intrants sur les produits finis fabriqués localement. A propos d’une éventuelle retombée positive sur les entreprises exportatrices, suite à la hausse du dollar, Benamor a noté que l’impact est très faible dans la mesure où peu d’entreprises parviennent à exporter 5% de leur production. «Les exportations sont insignifiantes», a-t-il déploré, préférant parler plutôt de la nécessité d’avoir de la «visibilité» en termes d’importations.
«Nous devons réfléchir sur des filières comme l’agroalimentaire pour travailler davantage en amont.» Il citera, à titre d’exemple, la filière de la tomate industrielle, qu’il connaît bien, pour laquelle il sera possible de réduire sensiblement les importations de la matière première dans les prochaines années, au regard de la constante hausse de la production de la tomate en Algérie.
Pour cette année, poursuivra-t-il, «nous allons réduire de plus de 50% les importations de matière première». L’année prochaine, cette baisse sera encore plus importante, ce qui permettra à la filière de progresser à terme. Il préconisera, en revanche, de transposer l’expérience de la filière de la tomate industrielle sur les autres filières afin d’améliorer la visibilité.
Ceci permettra d’apaiser les craintes des opérateurs économiques, notamment dans la filière agroalimentaire, même si le dollar poursuit son affermissement.
Dans une contribution sur «le dinar et son évolution», publiée dans la presse en 2012, l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Badredine Nouioua, avait indiqué qu’«il est clair que la stabilité relative du taux de change officiel du dinar ne peut être assurée que tant que les ressources en devises provenant des exportations des hydrocarbures sont suffisantes pour couvrir les importations et alimenter le budget». Il avait prévenu, qu’«un effondrement du prix du pétrole qui durerait quelque temps entraînerait certainement l’effondrement de toute notre économie et du dinar avec.
C’est dire qu’au même titre que l’économie nationale, le dinar est une monnaie vulnérable». Et d’indiquer qu’«il faut ajouter qu’un changement de politique de change ne peut être envisagé que le jour où la production nationale permettra de limiter les importations et de développer l’exportation de produits diversifiés et compétitifs».
Karima Sebai