Un projet de loi sur les ressources biologiques et d’autres textes réglementaires sont en cours de préparation au niveau du gouvernement en vue d’asseoir une législation nationale pour la préservation et la valorisation du patrimoine génétique algérien, a-t-on appris auprès du ministère de l’Agriculture.
Le gouvernement a adopté mercredi dernier un décret fixant le système de qualité des produits agricoles ou d’origine agricole, en tenant compte notamment de l’indication géographique et de l’agriculture biologique, a indiqué à l’APS M. Hamid Hemdani, sous-directeur de la Protection des patrimoines au ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Ce texte vise la préservation et la valorisation des produits agricoles essentiellement ceux des terroirs. En outre, un projet de loi sur les ressources biologiques, élaboré conjointement par les départements de l’Agriculture et de l’Environnement, devrait être examiné incessamment par le Conseil du gouvernement.
Cet arsenal juridique et réglementaire qui s’ajoute à l’installation, en janvier dernier, du comité sectoriel des ressources génétiques, «confirme la volonté de l’Etat à prendre en charge la question de la conservation des ressources génétiques qui relève de la sécurité alimentaire du pays», affirme M. Hemdani.
Après plusieurs années de stagnation, la loi d’orientation agricole d’août 2008 et la politique du renouveau agricole et rural lancée en 2009 ont réitéré l’importance de la préservation des ressources génétiques nationales qui font objet d’une biopiraterie en l’absence d’un cadre juridique pour protéger ce patrimoine.
«Il ne faut pas oublier qu’à un moment de l’histoire de notre pays+ pendant toutes les années 1980 et 1990+ la question de la ressource génétique locale était presque reléguée au second plan», rappelle M. Hemdani. Mais, «aujourd’hui, il est plus qu’urgent d’essayer de changer la tendance.
Pour cela, il faut d’abord asseoir une législation complète et adéquate qui traiterait de la question des ressources génétiques et de la valorisation des produits y issus, chose qui est en train d’être faite », a-t-il indiqué.
UN PROJET D’UNE BANQUE DE GÈNES AVANT 2014
L’Algérie devrait se doter, d’ici à 2014, d’une banque de gènes qui aura pour mission, la conservation et la valorisation du patrimoine génétique végétal, animal et microorganismes. Cet instrument sera aussi l’outil d’aide à la décision en matière de sécurité alimentaire à travers des choix stratégiques.
Il s’agit également de mettre en synergie le potentiel humain scientifique et technique et de renforcer les capacités en matière de formation et d’équipements en vue d’une meilleure prise en charge de la question des ressources génétiques dans son volet recherche et conservation.
«Tous les acteurs qui touchent de loin ou de près à cette question (spécialistes dans la législation, scientifiques, chercheurs, agriculteurs, professionnels, société civile) doivent trouver place dans ce comité pour qu’il y ait un travail en commun», recommande M. Hemdani.
«Ces questions seront discutées au cours de la première réunion de travail du comité sectoriel des ressources génétiques qui devrait se tenir prochainement en vue d’élaborer une feuille de route pour la mise en oeuvre de la stratégie de conservation, de la gestion et de la valorisation des ressources génétiques nationales», a fait savoir ce responsable.
Parallèlement à cela, un projet d’inventaire exhaustif de la flore et de la faune sauvage est en cours de lancement par le ministère de l’Agriculture, ce qui permettra l’évaluation de l’érosion génétique particulièrement en ce qui concerne la flore.
Lors d’un atelier maghrébin tenu début mai à Alger sur les ressources génétiques, des experts algériens avaient tiré la sonnette d’alarme quant au pillage des ressources génétiques nationales dont les plantes médicinales et aromatiques qui font le bonheur des laboratoires pharmaceutiques et des compagnies de l’agroalimentaire et du cosmétique à l’étranger sans bénéfice aucun pour l’économie locale.
4.000 PLANTES SANS COMPTER LA FAUNE ET LES MICRO-ORGANISMES
L’Algérie «fait l’objet de grandes convoitises de la part de pays étrangers». Donc, avoir un cadre juridique permettra de co-codifier les échanges avec ces pays, selon ces experts. L’essentiel des ressources génétiques adaptées aux conditions agroclimatiques de l’Afrique du nord se trouve en Algérie.
Il s’agit, selon eux, de ressources «déterminantes» pour l’avenir de l’agriculture algérienne compte tenu des changements climatiques qui pourraient entraîner la disparition de souches végétales et animales. Selon les chiffres disponibles, le patrimoine génétique national est composé, pour la flore seulement, de près de 4.000 types de plantes sans compter les races, les souches animales et les micro-organismes.
Au niveau international, l’Algérie a signé plusieurs accords en relation avec la préservation des ressources génétiques, notamment le traité international sur les ressources phytogénétiques de la FAO et le protocole de Nagoya concernant l’accès aux ressources génétiques et le partage équitable découlant de la convention sur la diversité biologique (CDB).
De plus, l’Algérie a été élue depuis avril 2013, au titre de la région Afrique, membre du groupe de travail technique intergouvernemental de la FAO pour les ressources phytogénétiques et forestières.