Une journée à Palm Beach : Le délice et ses contrastes

Une journée à Palm Beach : Le délice et ses contrastes

Quand le ciel est dégagé et que le soleil laisse échapper ses rayons, rien ne vaut une journée de plage pour profiter des bienfaits de la grande bleue. Longeant le littoral de l’Algérois depuis El Kitani (Bab El Oued) jusqu’à Tipasa, toutes les plages sont inondées de baigneurs.

Au choix, Palm Beach, à l’Ouest d’Alger, est devenue depuis quelques années une plage très prisée. C’est un jeudi ensoleillé. Il est à peine 9h30, quand les estivants se sont entassés sur cette plage au sable fin. S’ils sont venus si tôt, c’est bien pour dénicher une place équipée des commodités nécessaires. Pour ceux qui empruntent le littoral passant par Staouéli à une heure avancée de la journée, ils auront du chemin à faire à cause de la circulation automobile, très dense, et des barrages de gendarmerie qui n’hésitent pas à interpeller les passagers pour un contrôle de routine. 20 km en deux heures de temps, juste pour arriver à cet endroit dont les palmiers qui faisaient toute sa splendeur, ne font plus partie du décor. Sous un soleil de plomb, c’est un véritable parcours du combattant, particulièrement quand le véhicule n’est pas climatisé.

Après avoir confié le véhicule au gardien du parking pour la modique somme de 100 DA, plusieurs jeunes saisonniers qui ont fait de cet endroit leur lieu de prédilection, invitent les estivants à prendre place. L’accueil est si chaleureux que la clientèle se laisse guider avec plaisir. Vêtus de leurs bermudas, enjolivés par de grosse paires de lunettes tendance et des cheveux piqués effet mouillé, ces jeunes n’hésitent pas à venir en aide aux femmes ou demoiselles en portant les sacs lourds ou à prendre par la main les petits enfants. Leur mission consiste à placer leurs clients et les mettre à l’aise pour profiter d’une belle journée de plage en toute tranquillité. Ce qui attire les regards une fois les pieds sur le sable doré, c’est la prolifération des tables à quatre chaises en plastique installées sous un parasol pour 500 DA la journée. Une fois installé, c’est le moment de piquer une tête et se rafraîchir ne serait-ce que pour oublier les aléas du trajet.

Ce sont plutôt les garçons qui s’adonnent à cœur joie en piquant parfois des plongeants osés pour susciter l’admiration d’autrui ou s’adonnent à une partie de volley-ball en groupe gênant un tantinet le passage.

De leur côté, les jeunes filles s’allongent sur le sable pour faire bronzette. Tantôt, elles regardent ceux qui font les va-et-vient, tantôt elles laissent échapper des injures contre les enfants qui soulèvent le sable quand ils courent derrière le ballon. Sous les rythmes rai, chaoui et un cocktail de RNB offèrent par le DJ, installé sur place, les estivants se laissent emporter. Des groupes de jeunes se forment aussitôt pour danser, certains applaudissent alors que d’autres rouspètent parce que le son est trop élevé. « La plage est censée être un endroit calme pour décompresser et non pour subir un tel vacarme », se plaignent certains estivants. Pour éviter le coup de soleil, les personnes âgées préfèrent rester sous le parasol. Leur passe-temps favori est de dresser leur table garnie de mets légers et de fruits qu’ils dégustent face à la mer tout en surveillant leurs enfants. Chapeau sur la tête, certaines femmes installent leurs chaises au bord de l’eau pour laisser se barboter les pieds dans l’eau dans un brin de causette, laissant parfois échapper d’interminables fous rires. Les femmes qui ont choisi la plage de Palm Beach pour se détendre ont le choix entre bronzer en bikini ou en hidjab. Ici, la tolérance est de rigueur. Les plus jeunes, quant à eux, sont accompagnés de leurs parents où d’un adulte pour les surveiller. Ils font tout le charme de la plage. Dans leur bouée ou dans les bras de leurs papas, leurs éclats de rire font ressortir l’expression sincère de leur totale satisfaction de rester dans l’eau. Seul désagrément : la présence de jet-ski et des pédalos. Ils sont toujours là à leur faire des remarques pour éviter les accidents. Certains préfèrent ramener leurs équipements sur la plage pour éviter le pire. En effet, des parents remplissent les petites piscines tricolores d’eau salée pour permettre à leur progéniture de faire trempette sans avoir à conquérir « le grand bassin » à ciel ouvert. Ce qui est, cependant, certain, c’est que les estivants qui viennent à Palm Beach, sont plus ou moins tranquilles en raison des forces de sécurité mobilisées qui veillent au grain. En effet, la sécurité demeure l’un des points forts de cette plage. Les éléments de la gendarmerie font des descentes sur la plage, contrôlent les jeunes et se rapprochent auprès des familles pour les rassurer.

LA PHOTO DU JOUR

Pour que cette journée de plage ne tombe pas dans les oubliettes, les estivants n’hésitent pas à immortaliser l’évènement par une prise de photos souvenirs. Mieux encore, certains jeunes ont trouvé en cette pratique une activité lucrative. Pour se faire de l’argent, ils exhibent des animaux non pas domestiques mais apprivoisés. Sous un soleil tapant, les singes, les chevaux, les poneys ou les rapaces sont exposés par leurs propriétaires sur les plages. Pour 100 ou 200 dinars, les estivants peuvent se faire prendre en photo avec un singe. Ils peuvent également prendre la pause sur l’un de ces chameaux qui passent la journée à sillonner la plage. Ainsi, d’Est en Ouest, sur toutes les plages d’Algérie, vous pouvez les rencontrer. Avec les vendeurs de beignets, de thé ou de friandises, ils sont les seuls à travailler au moment où tout le monde se repose.

Une journée de plage ça creuse. « Labhar y Djouaâ », telle est la phrase magique des estivants. Pour cela, que des jeunes et moins jeunes se sont transformés en commerçants ambulants pour gagner leur journée. C’est le cas de Nassim, un jeune vendeur de beignets italiens. En plus de ses concurrents, ce jeune homme à l’uniforme blanc, plateau sur le bras, vend des beignets à la criée tout au long de la journée sur la plage de Palm Beach. Son slogan « Beignets, qui veut des beignets bien dorés et bien sucrés, beignets beignet beignets». Malgré le soleil tapant, la chaleur qui atteint son pic entre 12 et 15 heures, Nassim ne se plaint pas et rien ne semble le décourager. Il est présent sur la plage de 9 h à 20 h jusqu’à ce qu’il écoule ses gourmandises. De même pour les vendeurs de glace et de M’Hadjeb. Leur présence est désormais indispensable pour les estivants particulièrement les enfants qui raffolent de ce genre de mets. Pour d’autres, au contraire, leur présence gêne et leurs voix sont agaçantes encore plus leurs va et vient. Malgré tout, ces vendeurs à la criée donnent un cachet très particulier à la plage. Encore plus avec les revendeurs de thé. Vêtus de leurs tenues bédouines, théière à la main, couffin et arachides dans l’autre, ils sillonnent la plage sans se soucier de la chaleur. Pour se distinguer des autres commerçants conjoncturels, cette catégorie de vendeurs de thé emploie des termes propres comme pour dire que son produit est de jour. « Y Wach wach, y Laglag …et autres ». Comme pour traduire que le thé est chaud et doux. Des termes qui suscitent la curiosité des estivants qui n’hésitent pas à imiter les vendeurs juste pour rigoler.