Le crédit à la consommation, dont la réactivation a été annoncée en grande pompe par le gouvernement, tarde à connaître une traduction concrète. De différé en différé, le projet risque de s’avérer, en définitive, une chimère de plus dans le lot de ces illusions sur lesquelles l’Algérien ne finit pas de se réveiller.
Les banques, pourtant instruites de mettre en application ce mécanisme de financement de la consommation, après la mise en place de la centrale des risques, gage d’assurance qu’elles avaient exigé comme préalable, tergiversent toujours à commercialiser le produit. Non point par lenteur bureaucratique, comme d’aucuns seraient tentés de le déduire, mais à cause de la difficulté réelle qu’elles éprouvent à déterminer la nature des produits de consommation éligible à cette formule de financement. Plutôt que d’affiner le projet, le gouvernement, confronté aux retombées de la baisse sensible des rentrées en devises et appréhendant une rentrée sociale tumultueuse, s’est résumé à l’annonce du retour au crédit à la consommation, pensant, naïvement, il faut bien le souligner, qu’un générique de ce genre suffirait à éloigner la menace de la bourrasque sociale. Mais, pour combien de temps encore ? L’espoir de voir l’annonce du gouvernement traduite en actes bancaires et commerciaux finirait bien par s’éteindre chez les ménages, dont le pouvoir d’achat sera de plus en plus éprouvé, au rythme où va la dévaluation du dinar. D’ailleurs, à voir la nonchalance avec laquelle le gouvernement traite le dossier, l’illusion n’est pas loin. Il tarde toujours au ministère du Commerce de se pencher sérieusement sur le type du produit de fabrication locale concerné par le crédit à la consommation. C’est la problématique que les banques soulèvent, celles privées en premier chef. À raison, au demeurant, puisqu’il incombe au gouvernement de définir ce à quoi le vocable de production nationale renvoie avec exactitude. Les produits assemblés en totalité localement sont-ils considérés comme “production nationale” ? C’est toute la question que les banquiers se posent. Une question qui en appelle à une réponse technique du gouvernement, celle politique, déjà entendue, n’est pas faite pour les déterminer.