Une hyperdépendnce aux hydrocarbures pousse l’Algérie au bord de la crise, La menace se précise

Une hyperdépendnce aux hydrocarbures pousse l’Algérie au bord de la crise, La menace se précise

A quand la fin de la dépendance des hydrocarbures?

Quand l’Algérie investit 3 dinars du PIB, elle ne réalise que 1 dinar de croissance économique, tout le danger réside dans ce rapport effrayant.

L’Algérie peine dangereusement à rejoindre les vrais principes de développement économique et social, qui ne peuvent être que la production nationale, la technologie et le travail. Tous les indicateurs de l’économie nationale pointent vers le bas. L’entrée en zone de perturbations, en crise, se profile avec certitude dans un avenir proche. Et pour cause, une dépendance aux hydrocarbures à hauteur de 98%,une facture des importations colossale, la faiblesse de l’investissement productif, la dépense publique qui ne cesse de s’aggraver, culminant à 48% du PIB, le chômage, en plus d’un volume effarant de l’activité informelle, la dépréciation du dinar et la fuite de capitaux, ont eu raison des matelas financiers évoqués par le gouvernement au début de la chute des cours du pétrole et censés tenir le pays en autonomie durant 30 mois. L’hypothétique aisance financière semble laisser place à l’inquiétude.

Les chiffres s’avèrent plus qu’éloquents, ils font état du volume d’importation de l’ordre de 65 milliards de dollars avec une croissance de 6%, de subventions et transferts sociaux de 65 milliards de dollars, d’une masse salariale en phase d’atteindre les 40% en 2015, notamment avec l’abrogation de l’article 87 bis,un solde du Fonds de régulation qui affichera 4495 milliards de dinars en 2015, au lieu des 5 284 milliards en 2014.A quoi s’ajoutera, sur l’effet de la chute des prix du pétrole, une balance de paiement qui frôle le zéro.

Autrement dit, quand l’Algérie investit 3 dinars du PIB, elle ne réalise qu’1 dinar de croissance, tout le danger réside dans ce rapport effrayant.

Cela dénote, qu’en dépit des programmes de la relance économique et industrielle engagée par le gouvernement, malgré les réserves de changes rassurantes au départ, si on continue sur ce rythme effréné de consommation et de non-production, selon les observateurs, le sursis de 30 mois découlant de nos reserves, serait très vite consommé.

Par ailleurs, il va sans dire, que le cumul des revenus des exportations d’hydrocarbures a permis durant 16 ans de procéder à de grandes réalisations dans le pays. A l’image du développement important en matière d’infrastructures, un programme ambitieux de constructions de logements et une avancée certaine dans le domaine de la macro et microéconomie. Malheureusement, ce cumul de recettes, qui aurait pu représenter un capital de départ, n’a pas donné naissance à un modèle de croissance efficace, basé sur le principe du travail et de la production. Il semblerait qu’on n’ait pas retenu les enseignements nécessaires des crises financières de 1986 et 1990.

Devant un taux de croissance économique prévu par le FMI autour de 2,46% en 2015 au lieu de 4,1%, la crise financière qui se précise en Algérie, sera également synonyme de crise sociale. L’inflation qui se traduira par une érosion sans merci du pouvoir d’achat, d’une augmentation sensible du taux de chômage, face à une démographie galopante, seront autant de points névralgiques de la société de demain.

A cet effet,les avis des experts peuvent diverger, mais tendent tous vers la même issue, le financier international. Kherroubi Raif nous confie que «les vents peuvent tourner dans un sens comme dans un autre, car on peut assister à une remontée des cours du pétrole, mais si les tendances se maintiennent, il est sûr que l’Algérie va entrer prochainement dans un programme d’ajustement structurel avec le FMI et la Banque mondiale et ce n’est peut-être pas le plus mauvais des scenarii. L’histoire nous a démontré que nous agissons mieux sous la contrainte, que dans l’aisance, ceci dit nous aurions pu mieux gérer les acquis cumulés durant la période d’aisance financière qui a précédé la chute des prix du baril».

De son côté Abderrahmane Benkhalfa financier, économiste indépendant, nous indique qu’«il y a un consensus global qui permet de dire qu’un baril entre 70 et 80 dollars permettrait de maintenir un équilibre budgétaire. Pour ma part, je table sur un baril autour de 55 à 60 dollars, à la condition que pour les deux années à venir, il faut observer trois points d’abord: activer la croissance économique et reconsidérer certains grands projets, ensuite il faut substituer la fiscalité ordinaire à celle des hydrocarbures, et non pas par l’augmentation des taux, mais par une diversification des activités productives et enfin, revoir la politique de soutien de certains produits, notamment le carburant et le logement, il s’agit d’éviter un choc frontal, qui nécessiterait, une forte politique d’austérité».