Ils étaient plusieurs centaines des personnes à braver le froid polaire cet après midi pour rendre un ultime hommage à feu le général Mohamed Lamari, décédé mardi matin à son domicile à Biskra d’un arrêt cardiaque. Il était 13h55 quand l’ambulance de la protection civile arrive au niveau du cimetière Zidek de Ben Aknoun, où la dépouille devait être mise en terre.
Un détachement de l’armée nationale populaire (ANP) rendait les honneurs à celui qui a servi ce corps plus de quarante ans durant. La dépouille, drapée de l’emblème national, portée à bout de bras par les éléments de l’armée avait bien du mal à se frayer un chemin tant la foule était immense devant le portail du cimetière.
En plus des membres de sa famille, l’inhumation de Mohamed Lamari a été marquée par la présence de hauts responsables de l’Etat, des officiers généraux, cadres du ministère de la Défense nationale, ainsi que de membres du gouvernement et des personnalités politiques et militaires.
Il y avait aussi des anciens chefs de gouvernement, des diplomates, des sportifs et des responsables de partis politiques qui étaient là postés devant le portail où à l’intérieur de l’enceinte à attendre l’arrivée du corps de feu Lamari. Cela fait longtemps qu’on n’a pas vu une foule aussi nombreuses et bigarrée dans un enterrement.
Les forces de sécurité arrivaient tant bien que mal à gérer l’ordre public devant ce carrousel de voitures rutilantes qui emmenaient les officiels, et la meute de reporters photographes qui a pris d’assaut l’entrée du cimetière pour immortaliser l’événement. Mais il était pratiquement impossible d’y accéder puisque, aussitôt le cercueil passé, le portail a été refermé au nez des journalistes et des photographes. Mais on pouvait distinguer les têtes des anciens responsables politiques et des hauts responsables de l’armée venus témoigner leur amitié au massif général.
Tout le gratin d’Alger au cimetière
Au rang des chefs de gouvernement, en plus de Ahmed Ouyahia, on pouvait apercevoir notamment Mouloud Hamrouche, Reda Malek, Belaid Abdesslam et Mokdad Sifi. En revanche Ali Benflis, qui était la curiosité des reporters a brillé par son absence. Yazid Zerhouni, Dahou Ould Kablia, Amar Ghoul, Boubekeur Ben Bouzid, Mohamed Chérif Abbas étaient également présents. Quelques hommes politiques étaient aussi visibles à l’image de Amara Benyounes de l’UDR, son ex collègue du RCD, Hamid Lounaouci, Moussa Touati du FNA et certains responsables de nouveaux partis comme Abdelaziz Belaid du FJA.
Dans une oraison funèbre, le directeur de la communication, de l’information et de l’orientation au ministère de la Défense, le général Madi Boualem, a mis en exergue les qualités du défunt et son parcours jalonné de hauts faits, rappelant son dévouement au service de la nation et du devoir sacré. « La position ferme et la vision profonde et sage » dont a fait preuve le défunt au cours de la décennie noire qu’a traversée le pays du fait de « l’extrémisme et de la violence terroriste » qui a failli détruire le pays et diviser la société et l’Etat, resteront ancrées dans les mémoires », a-t-il dit.
Le général Madi a souligné la « précieuse contribution du défunt à la sauvegarde de la République » et la pérennisation de l’Etat algérien. Le représentant de la défense a rappelé par ailleurs que feu le général Lamari a « toujours été à l’avant-garde lorsqu’il s’agissait de défendre la patrie ».
C’est à peu prés tout ce qu’on dit de lui, les cadres présents, qui ont eu à collaborer avec lui que ce soit au niveau de la hiérarchie militaire ou dans le cadre des concertations avec les responsables politiques. Tout le monde a salué la mémoire d’un « patriote invétéré ».
Lamari rassemble pouvoir et opposition
Ainsi le président de l’association des anciens du ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG), M. Daho Ould Kablia, a déclaré à l’APS que l’Algérie vient de perdre, avec le décès de Lamari, un « patriote sincère » et un « nationaliste convaincu », ajoutant que le défunt était un homme « doté d’une grande qualification, un intellectuel et un organisateur avéré ». « Au niveau de l’armée, il avait réalisé de très grandes oeuvres dans la lutte contre le terrorisme (…) et il a marqué de son empreinte une bonne génération d’officiers de l’Armée nationale populaire (ANP) », a-t-il encore relevé.
Témoignages des frères d’armes
De son côté, M. Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense et ancien membre du Haut Comité d’Etat, a indiqué que le défunt était connu pour son dévouement dans son travail au niveau de tous les postes de responsabilité qu’il a eus à assumer au sein de l’institution militaire, mettant en exergue son rôle dans la lutte contre le terrorisme et dans la restauration de la paix et de la sécurité dans le pays. « C’était un enfant de l’Algérie qui avait assumé son rôle en tant qu’Algérien », a-t-il abondé dans le même sens.
L’ancien chef du gouvernement, M. Mokdad Sifi a rappelé que le défunt Mohamed Lamari « avait été au devant de la scène à un moment crucial de l’histoire du pays et avait participé (…) à préserver l’Etat algérien de l’effondrement », au moment où il menait une lutte implacable contre le terrorisme.
« J’ai eu le plaisir et l’occasion de travailler avec lui dans un comité restreint de sécurité pour la protection de la population et des biens publics et privés. On se réunissait chaque semaine pour mettre en place de nouveaux dispositifs qui ont été à l’origine de la création de la garde communale et autres dispositifs civils « , se souvient M. Sifi, qui a souligné que « c’est grâce à des hommes comme lui que l’Algérie est restée debout ».
Son ami et ex collègue le général major en retraite, Abdelhamid Djouadi, reconnaît en Lamari un homme « très appliqué intelligent, rationnel et plein de sagesse ». C’est dire que par delà les différences d’appréciations qu’aurait pu avoir le défunt général avec certains responsables politiques, tous reconnaissent son « talent de militaire » et son « dévouement pour l’Algérie »