La traîtrise de l’assassin du commissaire
Une foule immense a accompagné les deux fonctionnaires de police tués lors de l’arrestation d’un criminel notoire de la ville de Ras El Oued.
Des centaines de policiers mais aussi de cadres, d’opérateurs et de simples citoyens ont assisté à l’enterrement qui a eu lieu samedi après la prière d’el asr.
Le directeur général de la sûreté nationale était représenté par le commissaire général Farid Benchikh qui a transmis les condoléances du général major Hamel à la famille du défunt.
A ses côtés, on a noté la présence d’officiers supérieurs de la DGSN et de l’inspecteur général de police de Constantine. Les autorités militaires et civiles de la wilaya, à leur tête le wali Abderrahmane Kadid, étaient également sur les lieux.
Moment d’émotion quand les familles touchées par le chagrin se sont unies pour crier fort que leur douleur passe avant le devoir de leurs enfants.
Le fils aîné du commissaire, en pleurs, n’a réclamé qu’une chose aux autorités présentes, le drapeau qui a enveloppé le cercueil de son père. Autour d’eux, les présents qui ont connu de près ou de loin les défunts revenaient sur leurs qualités.
Leur disponibilité, leur courage et leur bravoure étaient rappelés pour noter combien leur perte est immense.
De son côté, la population de Ras El Oued qui ne les a pas connus ne risque pas de les oublier de sitôt, eux qui ont participé à la mise hors d’état de nuire d’un dangereux malfaiteur.
Les langues se délient pour rappeler les méfaits d’un repris de justice qui avait à son actif 7 mandats d’arrêt. Cet homme qui n’a pas laissé un délit sans le commettre avait un jour pris en stop un couple. Feignant la panne, il a fait descendre le mari pour fuir avec la femme.
Justement, les 7 mandats concernaient plusieurs jugements dont 3 étaient définitifs. Il était impliqué dans les trafics de drogue, d’armes et de voitures.
Il était aussi coupable de faux et usage de faux, le tout couronné par plusieurs plaintes pour coups et blessures volontaires. On comprend le soulagement de l’homme de la rue à Ras El Oued qui regrette seulement que deux fonctionnaires de police aient perdu la vie à cause de lui.
Comment a-t-il pu ?
En attendant que l’enquête diligentée officiellement par le procureur général près le tribunal de Ras El Oued, la version du chef de s$ureté de wilaya, le commissaire principal Adouane, est la plus plausible. Non seulement le commissaire Boufedji et l’inspecteur qui l’accompagnait n’avaient pas de gilet pare-balles, mais ils pensaient exécuter une décision de justice.
Pour ce faire, ils ont exploité une information crédible et surtout ont cerné le domicile du criminel. Il n’avait aucune possibilité de fuir, note le commissaire principal, qui ajoute un autre élément qui a surpris les deux fonctionnaires. Le criminel s’est caché derrière sa femme.
Dès que cette dernière a ouvert la porte, il s’est mis à tirer. Coup de chance pour lui, ses coups pourtant désordonnés ont atteint les deux fonctionnaires en plein cœur. Reste l’origine de l’arme, un Beretta utilisé habituellement par la police.
Le chef de sûreté de wilaya qui rappelle que le numéro de série a été effacé opte pour le vol. Beaucoup de policiers ont disparu avec leurs armes, indique notre interlocuteur, qui rappelle celle mystérieuse de l’agent Boubaia qui n’a plus donné de signe de vie depuis 7 ans.
Le commissaire Adouane qui déclare que la lutte contre la criminalité ne faiblira pas avec ce coup porté à l’un des plus valeureux hommes de ses services, a noté que la perte du commissaire Boufedji qui a été l’un de ses principaux collaborateurs a été très dure pour lui.
Se rappelant le film des événements, il raconte qu’il était en contact permanent avec la victime qui a assuré la couverture de la célébration du 20 août avant de prendre la route pour Ras El Oued pour arrêter le criminel à l’heure du f’tour.
Quand il a reçu la nouvelle de sa disparition, il était choqué, nous a-t-il avoué, même s’il a dû se maîtriser et surtout diriger la suite de l’opération qui s’est soldée par la mort du criminel.
Se rappelant l’homme qui était avec lui il y à peine quelques heures, le commissaire principal garde de lui le souvenir de quelqu’un d’intègre, d’honnête, de courageux qui donnait l’exemple à ses hommes. Celui en qui il avait une confiance aveugle était de surcroît disponible. «Il était là même si je ne l’appelais pas. Il était au stade, dans les manifestations, dans les cortèges. Il était irremplaçable.»
Justement, nous n’avons pas osé lui parler de son remplaçant à la tête de la PJ. La plaie est encore ouverte. Repose en paix, Abdelghani.
H. N.