Une fin d’année «spécial protestation», Ça brûle chez Sidi Saïd

Une fin d’année «spécial protestation», Ça brûle chez Sidi Saïd

La fin de l’année 2011 s’annonce très difficile pour la centrale syndicale, qui a depuis des années demander aux travailleurs affiliés à son organisme de favoriser le dialogue alors que les syndicats autonomes occupaient le terrain. Elle a perdu le contrôle et ne peut plus demander à ses fidèles d’opter pour le silence. Dans ce cadre, plusieurs secteurs contrôlés en matière d’activité syndicales par l’UGTA sont en ébullition, à l’instar des travailleurs de la SNVI, les pétroliers de Hassi R’mel, les douaniers et même les distributeurs de lait de Béjaïa.

Le 14 décembre dernier, le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, a mis en garde contre le risque d’«explosion sociale» en Algérie.

En marge d’une réunion des cadres de son organisation à Alger, il s’est interrogé : «Quand les travailleurs sortiront dans la rue [pour protester], qui va assumer la responsabilité d’une explosion sociale ? L’UGTA ou ceux qui n’ont pas répondu favorablement à leurs revendications?» M. Sidi Saïd a appelé les autorités à «régler les problèmes par le dialogue» pour éviter «cette explosion sociale».

La démonstration des travailleurs n’a pas tardé, car hier matin la Maison de peuple était le théâtre de protestation des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba, qui abrite de nombreuses usines, notamment un complexe de véhicules industriels, en grève depuis 15 jours. Ils étaient plus de 3 500 travailleurs à se rassembler sur l’esplanade Abdelhak-Benhamouda de l’Ugta, pour dénoncer les atteintes aux libertés syndicales. Les travailleurs de la SNVI n’étaient pas seuls, car ceux de l’union locale d’Alger-Centre, dont ceux du port d’Alger, les cheminots, les banques et les assurances, entre autres, se sont déclarés solidaires avec les travailleurs, les syndicalistes et les représentants de l’Ul de Rouiba. Il affirment que «l’Ugta n’est pas morte, au contraire, elle est beaucoup plus puissante».

D’autre part, les grévistes des Douanes algériennes, en grève depuis un peu plus d’un mois, étaient toujours sur place. Il faut rappeler que les 13 syndicalistes de la Fédération nationale des travailleurs des douanes (FNTD), affiliée à l’UGTA, avaient gelé leur grève de la faim entamée le 20 novembre dernier au siège de l’UGTA. De leur côté, 2 000 travailleurs de la zone pétrolière de Hassi R’mel ont entamé une grève de la faim depuis mercredi 21 décembre. Cette action a suscité la solidarité de l’union locale de l’Ugta. Ces travailleurs réclament une augmentation de 50% du salaire, la revalorisation des indemnités du travail posté, de la nuisance et de l’ISS, l’alignement des salaires du corps administratif sur ceux du technique et l’attribution de la prime de risque. Ce n’est pas fini, puisque les distributeurs de lait en sachet de la wilaya de Béjaïa, affiliés à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA/UGTA) ont entamé un mouvement de grève illimitée depuis quelques jours.

Cependant, toutes ces grèves ne veulent pas dire automatiquement que la direction de l’Union générale des travailleurs algériens va renouer avec la protestation sociale, dont le divorce a été proclamé après la signature du pacte économique et social. Mais le malaise des travailleurs pourrait inverser la situation.

Par Nacera Chenafi