Une feuille de route de Washington ?

Une feuille de route de Washington ?
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Hosni Moubarak a annoncé, tard dans la soirée de vendredi à samedi, un changement de gouvernement, pour faire face au soulèvement populaire qui secoue l’Égypte depuis mardi dernier.

Coup de théâtre toutefois, le président américain lui répliquait, quelques minutes plus tard, par un discours exclusivement consacré à l’Égypte. Une première en la matière.



Kamel Amarni – Alger (Le Soir) -Barack Obama ne s’encombre pas de formules diplomatiques pour interpeller son homologue du Caire. Son discours prendra la forme d’une série d’injonctions pour le Raïs, pratiquement «sommé» d’appliquer une sorte de feuille de route. Est-ce que, finalement, ce ne sont pas des décisions imposées par washington que Moubarak a appliquées hier samedi ? Notamment la désignation du chef des services secrets égyptiens, Omar Souleimane, au nouveau poste de vice-président ? Difficile de croire que Moubarak prenne une décision aussi importante sans le consentement des Américains, en tout cas. Le patron des services de renseignement égyptiens serait-il l’homme de la situation que Washington a choisi pour une succession en «douceur» de Moubarak ? Fort probable, et bien d’éléments plaident pour cette hypothèse. En premier lieu, nul n’ignore depuis 2001 que les Américains ne permettront jamais que les islamistes prennent le pouvoir dans un pays comme l’Égypte. Un pays, par ailleurs, propulsé, depuis les accords de Camp David en 1977, comme premier interlocuteur arabo-musulman d’Israël avec lequel il partage des frontières explosives, c’est le moins que l’on puisse dire, avec, entre les deux, Ghaza, contrôlée par le Hamas palestinien. Moubarak, jadis allié privilégié, voit, dans tous les cas de figure son mandat arriver à terme dès octobre prochain. Et qui mieux pour lui succéder ou, du moins, préparer cette succession, que le général Omar Souleimane, l’homme qui a toujours géré le dossier palestino- israélien et même le dossier palestino-palestinien, intermédiaire permanent entre l’autorité palestinienne et Hamas pour le compte des Américains ? Il est significatif qu’hier, plusieurs heures après l’annonce de cette surprenante désignation, Washington n’ait pas encore réagi. Ce qui reste certain, par contre, est que Moubarak a fait, là, une immense concession. Et d’ores et déjà l’on sait, aussi, qu’à tout moment, une éventuelle chute du Raïs serait vite «amortie » : son vice-président prendrait immédiatement les commandes.

K. A.