Une femme au JT saoudien

Une femme au JT saoudien

C’est une petite révolution pour le royaume : une journaliste a co-présenté le JT de 21h d’une grande chaîne de télé saoudienne. Les femmes sont, en fait, une variable de modernisation pour le prince héritier Mohamed Ben Salman.

Les tabous tombent un à un en Arabie saoudite et cette fois, c’est spectaculaire. On le sait, le royaume tente de corriger son image rétrograde et, pour cela, les femmes sont une carte de premier ordre. C’était donc jeudi dernier, il était 21h, l’heure du JT sur Saudi TV1 et les Saoudiens ont découvert une femme au JT.

Une journaliste s’est en effet glissée dans la présentation du Journal télévisé sur une des chaînes publiques les plus regardées du pays. Eh pour bien marquez le coup, la 1ère info concernait le roi Salman et le prince héritier Mohamed Ben Salman.

C’est la 1ère fois qu’une femme co-présente un JT du soir, l’équivalent du 20h en Arabie Saoudite. Et cette journaliste s’appelle Weam Al Dakheel. Une autre journaliste avait déjà brisé le tabou en 2016, mais c’était pour le JT du matin, beaucoup moins regardé.

C’est conquête sur conquête pour les Saoudiennes…

C’est vrai que le plan de com’ du palais est impressionnant ! Cet été, les femmes ont, pour la 1ère fois pu conduire. Des dizaines de reportages admiratifs ont été diffusés, en France notamment. Elles peuvent aussi assister désormais à des matchs de foot.

Début septembre, la compagnie aérienne nationale, AlSaudia, a annoncé qu’elle allait recruter des hôtesses de l’air. Histoire de donner corps à la promesse du prince héritier de voir les femmes passer d’un petit quart à un un gros tiers de la main d’oeuvre locale.

Tout doit cadrer avec le plan qu’on peut qualifier de mégalo du prince qui s’appelle « Vision 2030 », qui vise à guérir le pays de son addiction pétrolière en multipliant les projets grandioses, comme cette ville à 500 milliards de dollars baptisée Néom.

Monsieur mon prince réforme

Il faut dire dire que les réformes par le haut, imposées depuis le palais par Monsieur Mon Prince, c’est n’est pas ma tasse de thé. D’autant que ces réformes, donc cette féminisation en marche reste toute relative :

Pendant que le prince héritier accordait magnanimement le droit aux Saoudiennes de conduire, il faisait enfermer une dizaine de militantes des droits des femmes, dont certaines sont encore derrière les barreaux. Il faut pas perturber le plan de com’

Ensuite, l’obligation faite aux femmes de demander d’abord son autorisation à un tuteur mâle – frère, père ou mari – avant de prendre la route est toujours en vigueur. Donc je reste très prudent. D’autant que le prix du baril de pétrole augmente…

Le prix du baril et la cause des femmes

Le plan « Vision 2030 » a été imaginé parce que la rente pétrolière avait diminué. Or, les caisses du royaume se remplissent. C’est la malédiction des pays pétroliers : ils s’assoupissent dans l’opulence et avec elle, les réformes et donc le statut des femmes.