Une famille a vécu l’enfer à Bordj Sébaou (Sidi-Naâmane)

Une famille a vécu l’enfer à Bordj Sébaou (Sidi-Naâmane)

Mais où est passé l’État ?

La famille Challal demeurant à Bordj Sébaou, situé dans la commune de Sidi-Naâmane, aura vécu un véritable enfer, durant la journée de samedi dernier. En effet, les membres de cette famille ainsi que cinq ouvriers travaillant pour leur compte ont été cernés et attaqués par des dizaines de villageois qui ont saccagé la villa de la famille et incendié tout leur parc automobile, à savoir trois véhicules dont deux Nissan et un Dacia-Duster, un camion et deux engins agricoles.

Les assaillants ont également emporté des objets de valeur, des bijoux, des téléviseurs, des climatiseurs et une grosse somme d’argent, le tout évalué à plusieurs milliards de centimes. L’histoire remonte, en fait, à il y a deux mois environ pour une malheureuse affaire d’implantation d’un arrêt de bus au village de Bordj Sébaou qui a créé un conflit de taille qui aurait pu être réglé le plus normalement du monde d’abord pour imposer l’autorité de l’État ensuite pour éviter un drame regrettable.

Les Challal implorent aujourd’hui le ciel et pointent du doigt les autorités locales qui n’ont rien fait pour les protéger de la vindicte populaire. “Nous avons sollicité préalablement une intervention du maire de Sidi Naâmane puis celle de la brigade de gendarmerie de Sidi-Naâmane mais rien n’a été fait”, diront les membres de la famille Challal, visiblement traumatisés pour avoir échappé à une mort certaine alors qu’ils ont perdu en l’espace d’une nuit infernale tous leurs biens et leur dignité. “À chaque fois que l’on sollicitait une intervention des autorités locales pour régler ce litige, on nous renvoyait à notre triste sort tout en nous conseillant de régler le conflit à l’amiable”, diront les Challal visiblement horrifiés par le cauchemar qu’ils ont vécu et la “hogra” dont ils ont été victimes. Les Challal, qui menaient une vie paisible et ont trimé dur durant ces dernières années pour améliorer leur quotidien, ne pouvaient pas se douter un seul instant que leur vie allait basculer du jour au lendemain dans l’horreur. “Dites-vous bien que nous avons été livrés à nous-mêmes et carrément jetés en pâture à la vindicte populaire. Des villageois en furie nous ont bombardés de cocktail Molotov durant toute la journée, soit de 11h environ jusqu’à 21h sans relâche et sans secours. Mon jeune frère s’est déplacé pour alerter la brigade de gendarmerie mais en vain”, nous dira un membre de la famille Challal. Et d’ajouter avec amertume : “les gendarmes ne sont arrivés chez nous que le soir à la nuit tombée, précisément vers 20h, mais ce n’est que vers 21h qu’ils ont pu nous évacuer. L’un de mes frères qui s’est vu ouvrir le crâne par un de ces villageois à l’aide d’un sabre et qui se trouve actuellement à l’hôpital est resté blessé et a perdu beaucoup de sang durant quatre longues heures sans aide ni aucune intervention de la Protection civile du fait que les sapeurs-pompiers n’ont pu passer parce que que les assaillants avaient bloqué le chemin de 13h à 20h30. Mais ce qui est grave, diront les Challal, c’est que les gendarmes de Sidi-Naâmane avaient assisté à toute cette tragédie sans même bouger le petit doigt et quand nous leur avons demandé de l’aide et surtout du secours, ils nous ont répondu qu’ils ne pouvaient rien faire. C’est vrai que par la suite, ils ont fait venir du renfort du groupement de Tizi Ouzou qui a pu se frayer un chemin jusqu’à notre demeure encerclée pour évacuer les blessés face à une foule déchaînée. Et à défaut de mettre fin à cette véritable vendetta et d’arrêter tous les fauteurs de trouble qui ont défié l’autorité de l’État, les gendarmes n’ont rien trouvé de mieux que de nous demander de quitter notre propre maison en nous assurant qu’ils allaient soi-disant surveiller et protéger nos biens mais en vain. La mort dans l’âme mais en toute confiance,  nous avons été contraints de quitter notre propre demeure en pleine nuit pour demander refuge chez des parents mais le lendemain la maison était en ruine. Tout avait disparu les meubles, l’argent, l’or, les denrées alimentaires, les appareils électroménagers. Tout était brûlé, calciné.” Se lamentent encore, les Challal qui se trouvent ruinés du jour au lendemain pour une stupide querelle de clocher qui aurait pu être évitée avec la bénédiction des sages du village et surtout l’intervention énergique des autorités locales. Depuis quelques jours, déjà, la consternation règne à Sidi-Naâmane et dans toute la daïra de Draâ-Ben-Khedda où les citoyens se demandent où est passé l’état. C’est quand même grave qu’en 2012, la loi du talion existe encore dans notre pays et que la loi soit bafouée de la sorte au détriment de citoyens qui sont livrés à eux-mêmes et qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Où est l’Etat de droit ?