Les résultats de l’étude de Novo-Nordisk sont surprenants. D’aucuns ne pouvaient penser, en effet, qu’en Algérie, plus de 60% des diabétiques ont souffert de détresse nerveuse, compliquée en dépression dans 20% des cas, à cause de la discrimination sociale liée à leur maladie.
Une étude globale sur la perception du diabétique, ses besoins et ses désirs, Dawn 2, dont les résultats ont été rendus publics, hier à Chicago par Novo-Nordisk lors de la 73e session scientifique de l’Association américaine des diabétiques, a révélé qu’un malade sur quatre se sent discriminé en Algérie à cause de sa pathologie.
La même étude a montré que 40% des proches des diabétiques algériens conviennent que leurs parents, atteints de diabète, sont victimes de discrimination. Plus édifiant encore, 80% des praticiens spécialisés de la santé, impliqués dans cette maladie qui affecte plus de 3 millions d’Algériens, se disent “préoccupés par la discrimination et pensent qu’il y a un besoin urgent et important d’une meilleure insertion sociale des personnes atteintes de diabète”. Leur inquiétude est suscitée par une réalité accablante : être victime de discrimination due au diabète est associé à une détresse émotionnelle qui se complique souvent en dépression nerveuse. L’enquête Dawn 2 a justement confirmé que 65% des diabétiques ont souffert de détresse émotionnelle et 20,3% d’une dépression. Ce qui paraît énorme dans un pays comme le nôtre où la solidarité sociale et familiale s’exprime a priori aisément, si l’on compare ces taux à ceux enregistrés dans d’autres pays, comme les Pays-Bas (21% détresse émotionnelle) et Mexique (8% dépression nerveuse). 49,4% des membres de la famille ont déclaré que le malade représente “une lourde charge”. Au Mexique, la proportion est de 12%, tandis qu’elle caracole à 60% en France. L’étude a indiqué, en outre, qu’en Algérie, uniquement 47,1% des diabétiques ont participé à une activité ou un programme d’éducation sur la maladie, tandis que seulement 28,4% de leurs proches parents les ont accompagnés dans cette démarche. Les résultats de l’étude de Novo-Nordisk sont surprenants à plus d’un titre. D’aucuns ne pouvaient penser, en effet, qu’en Algérie, le diabète, l’une des maladies les plus fréquentes dans le pays, puisse devenir source de discrimination et, par là même, de détresse morale. Pourtant, la réalité semble implacable. Selon les promoteurs de Dawn 2, qui a collecté les opinions et les avis de plus de 15 000 personnes dans le pays, la discrimination sociale n’est qu’un des paramètres psychosociaux des soins au diabète que l’enquête a évalué.
S H