les associations ne pourront plus activer du fait qu’elles tombent sous le coup de la loi du 15 février 2012, votée par le Parlement, dans le cadre des “réformes politiques” du président Bouteflika.
Le chiffre a de quoi inquiéter, mais il traduit l’impact liberticide de la loi du 15 février 2012. En effet, sur les 93 654 associations enregistrées auprès des services du ministère de l’Intérieur jusqu’à décembre 2011, pas moins des deux tiers ont disparu ou n’ont pas pu renouveler leur agrément. Ces organisations de la société civile ne vont pas toute survivre à cette nouvelle loi qui visait à rétrécir le champ de ces associations, selon Amnesty International Algérie (AI). Un groupe d’associations, dont Amnesty International Algérie, Anna Lindh réseau Algérie, la Laddh, le Ciddef, la Fard et Bariq 21, ont présenté, à travers une enquête intitulée “Les associations algériennes, des acteurs émergents en quête de reconnaissance”, un plaidoyer pour une meilleure prise en charge de ces organisations. L’enquête présentée, hier, à Alger, par ses initiateurs, portait sur la valeur ajoutée socio-économique dans les organisations de la société civile algérienne et leur rôle dans le développement. Hassina Oussedik-Giraud, directrice d’AI Algérie, et Mouloud Sahli, président de l’association Étoile culturelle d’Akbou et chef de file du réseau algérien d’Anna Lindh, ont longuement commenté les objectifs de l’enquête réalisée par Ghania Mouffok et Djamel Benramdane.
Ils se résument “à créer des passerelles avec les pouvoirs publics dans une dynamique de complémentarité”. Cela dit, estiment les deux conférenciers, “la nouvelle génération d’associations apporte une valeur ajoutée socio-économique à leur démarche de complémentarité à l’action publique”. L’enquête en question a mis en avant le service apporté “au citoyen par un faisceau d’associations, dans un contexte marqué par une demande sociale qui s’amplifie et un désengagement fort de l’État entamé depuis les années 90”. Ce désengagement de l’État, reconnaissent les initiateurs de l’enquête, est accompagné par des lois répressives. À côté de cette batterie de lois répressives, une politique d’exclusion est pratiquée à l’encontre des associations. Celles du soutien au régime et les satellites des partis au pouvoir sont tolérés et n’ont jamais rencontré de difficultés de financement, d’octroi de salles ou des soucis bureaucratiques.
La gestion politique “des organisations de masse” durant les années du “socialisme spécifique”, n’est pas tout à fait élaguée dans la gestion de ces organisations de la société civile. Ce plaidoyer présenté par ces associations et qui sera transmis au chef de l’État, au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur, met en relief, le travail des associations “méconnues” et qui apportent “un contrechamp à l’action publique” en montrant qu’“il est possible de travailler autrement”. Ces organisations “citoyennes”, qui émergent dans plusieurs domaines délaissés par l’État, “connaissent un début de reconnaissance”, notamment “lorsque des passerelles sont créées avec les pouvoirs publics”. L’enquête révèle qu’il existe “des disparités et les mécanismes institutionnels en direction des associations sont extrêmement différenciés selon les territoires et les contextes”.
Les deux conférenciers ont appelé à la nécessité d’apporter un soutien aux associations qui activent, récusant “toute idée de hiérarchisation” des domaines d’exercice des associations.
M. M