D’abord au sujet des navires actuellement bloqués au port de Piraeus, en Grèce.
Ces trois bateaux, Djebel Onk, Rafaa et Ksel, appartenant à International Bulk Carrier (IBC), ont été bel et bien désarmés pour deux d’entre eux début mars et pour le troisième vers la fin mars, par le groupe Pharaon, partenaire saoudien de la filiale IBC de Cnan Group.
Ce dernier a même rapatrié le personnel navigant (une vingtaine d’employés), dont le coût est de loin plus élevé que s’il avait tout simplement ramené les navires en Algérie.
Pharaon, qui détient 51% des actions de IBC, avec l’Algérien Laradji Mustapha, réclame, en contrepartie du retour de ces bateaux, le paiement d’une facture de 12 millions de dollars relative à des travaux de réparation effectués sur les navires Nedroma, Nememcha et Blida dans un chantier qu’il a lui-même choisi en vertu d’une clause de la charte qui le lie à IBC (pour une période de 5 ans à des prix très bas et sans révision) aux frais de cette filiale.
Une facture que tout le monde juge excessive et que IBC, ce qui est légitime, refuse d’honorer.
Une situation qui a fini par envenimer les relations entre IBC et son partenaire saoudien.
Une réunion a eu lieu samedi dernier à la direction de la marine marchande, au ministère des Transports, entre les représentants des différentes parties concernées pour reporter la séance d’arbitrage, d’autant que Pharaon a exigé d’IBC l’acceptation de l’une des trois propositions : racheter les parts de Pharaon, céder ses parts à ce dernier ou accepter la désignation de trois experts pour faire l’évaluation des frais.
Tout le monde a compris que la mesure de blocage des trois navires d’IBC en Grèce n’a rien de normal, si ce n’est la garantie du paiement de sa facture.
A signaler que cette filiale a interrompu, depuis septembre 2008, le transfert du produit de fret.
Sur un montant de 250 000 dollars prévu mensuellement, elle ne transfert que 110 000 dollars, représentant uniquement le budget de fonctionnement.
L’inspection a déterré l’ensemble des dossiers
Ce qui démontre qu’il y a quelque part un problème que le directeur général d’IBC n’a pas voulu ou pu révéler.
Pour ce qui est du directeur général de Cnan Group, sa mise au point ne dément pas l’action qu’il a engagée devant l’inspection du travail belge pour licenciement abusif de la direction d’Isa Anvers (une société de droit belge, au sein de laquelle la Cnan est actionnaire et détient 60% des parts) et de ce fait, le paiement d’une indemnité.
La mission d’inspection de l’IGF qui travaille actuellement a déterré l’ensemble des dossiers relatifs à la gestion non seulement des filiales dont il était président du conseil d’administration, mais aussi à la dissolution de la délégation de Marseille dont le plan de charge a été récupéré par une nouvelle société privée, Navimed, dont il était membre du directoire à titre personnel comme l’indique le statut et non pas en tant que DG de la Cnan, comme il l’a souligné dans sa mise au point adressée à la rédaction.
Comment expliquer que la délégation de Marseille soit fermée pour non rentabilité alors qu’elle vient d’être rénovée pour un montant de 170 000 euros ?
Mieux, la même délégation n’a pas été aidée par la direction générale de Cnan Group pour récupérer 400 000 euros, montant d’une ardoise que lui a laissée Solazur, une société avec laquelle elle travaillait.
Pour éviter le recouvrement de cette dette, le patron de Solazur, un Algérien, a déclaré la faillite, mettant le bureau de Marseille devant le fait accompli.
Une autre erreur de gestion qui aurait pu épargner à celle-ci d’y laisser des plumes.
Tout comme d’ailleurs les factures exorbitantes de réparations effectuées sur des navires frétés en coque nue que les filiales sont sommées de payer à leurs partenaires qui bénéficient du droit du choix du chantier de réparation en vertu des chartes parties négociées au détriment des intérêts de la Cnan.
Les coûts de ces réparations ont saigné les filiales, mettant même certaines à genoux à cause des lourdes factures, des arrêts techniques en cascade et des saisies des navires par des chantiers qui réclament le paiement des travaux.
Ce sont là les innombrables anomalies mises à nu par l’inspection de l’IGF. Des anomalies que les six premières missions d’inspection n’ont pourtant pas dévoilées pour des raisons que seule une enquête interne peut élucider d’autant que certains cadres et responsables sont d’anciens inspecteurs de l’IGF.
En tout état de cause, l’enquête actuelle passe au peigne fin toute la gestion de Cnan Group depuis le début des années 2000 à ce jour.
Les premières informations font état de graves anomalies ayant entraîné de lourds préjudices financiers à une compagnie qui était, il y a quelques années seulement, le fleuron du transport maritime algérien, reconnu dans tout le bassin méditerranéen et ailleurs.