Une économie en demi-teinte : ce que dit le FMI sur l’Algérie

Une économie en demi-teinte : ce que dit le FMI sur l’Algérie
FMI croissance économique Algérie 2025

Les perspectives économiques à court terme de l’Algérie restent globalement positives, selon l’analyse la plus récente du Fonds monétaire international (FMI).

Cette évaluation, issue de consultations étroites avec les autorités algériennes, met cependant en lumière des déséquilibres profonds qui appellent à des ajustements politiques urgents pour sécuriser la croissance future face aux incertitudes mondiales.

L’institution de Bretton Woods souligne le dynamisme de l’activité hors hydrocarbures. L’investissement public et la consommation soutiennent cette croissance dans un contexte où la pression inflationniste s’atténue. Mais ce tableau encourageant est assombri par l’érosion des réserves financières et un déficit budgétaire qui se creuse dangereusement.

Le FMI alerte l’Algérie sur l’urgence d’un ajustement budgétaire

La baisse persistante des recettes issues des hydrocarbures, combinée à une augmentation soutenue des dépenses publiques, a ouvert un fossé dans les finances de l’État. Le FMI souligne que cette dynamique a considérablement creusé le déficit budgétaire et épuisé les réserves financières disponibles.

Le compte courant est devenu déficitaire cette année et devrait continuer de se détériorer en 2025 et 2026. Sans correction énergique des politiques en vigueur, les déficits budgétaires à deux chiffres prévus pour la période 2025-2026 risquent de mettre à rude épreuve le secteur bancaire. Ils pourraient également évincer le crédit au secteur privé et augmenter le risque de recourir à des mécanismes de financement monétaire non conventionnels.

L’institution alerte sur une augmentation considérable de la dette publique à moyen terme si aucun ajustement concerté n’est engagé.

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« La stabilisation de la trajectoire de la dette d’ici 2028 nécessitera une consolidation budgétaire immédiate et plus ambitieuse » prévient le Fonds. Cet effort, chiffré à des mesures d’assainissement supplémentaires de l’ordre de 5% du PIB entre 2025 et 2028, passe par une rationalisation des dépenses inefficaces et une augmentation des recettes non liées aux hydrocarbures.

Croissance économique en Algérie : entre dynamisme et incertitudes

Le FMI table sur une stabilisation de l’activité du secteur de l’énergie. Portée par l’assouplissement des réductions de production décidées par l’OPEP+. Cette reprise devrait soutenir une croissance du PIB de 3,4% en 2025.

Cependant, à moyen terme, la croissance algérienne devrait ralentir. Ce ralentissement s’explique par une modération attendue de la production d’hydrocarbures, des contraintes financières qui limiteront les dépenses publiques et des goulets d’étranglement structurels persistants qui freinent l’expansion du secteur privé.

Le rapport alerte sur les risques externes. La volatilité des prix des matières premières menace les prévisions. Les changements dans la politique commerciale mondiale représentent un autre danger. Une escalade des conflits géopolitiques pèse également sur les perspectives. Ces facteurs pourraient freiner les investissements publics, affecter les exportations et exercer une pression supplémentaire sur les recettes budgétaires déjà sous tension.

Recommandations du FMI pour l’économie algérienne

Face à ce diagnostic, le FMI plaide pour une série de réformes structurelles. Il salue les avancées déjà réalisées, comme les progrès en matière de recouvrement des impôts grâce à la numérisation, la budgétisation par programme et une nouvelle loi sur la transparence des marchés publics. Mais l’institution appelle à aller plus loin. Elle recommande de renforcer la gestion des finances publiques et de s’appuyer sur une stratégie de recettes à moyen terme.

Sur le plan monétaire, la Banque d’Algérie est encouragée à maintenir une vigilance étroite sur les liquidités bancaires et l’évolution de l’inflation. Le Fonds préconise d’établir clairement la stabilité des prix comme objectif principal. Ainsi, s’abstenir de tout financement monétaire, direct ou indirect.

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Le rapport préconise également une plus grande flexibilité du taux de change pour renforcer son rôle de stabilisateur automatique. Il estime prioritaires les mesures récentes visant à réduire la prime du marché parallèle. Notamment l’augmentation de l’allocation en devises pour les voyageurs.

Enfin, le FMI insiste sur la nécessité de réformer en profondeur les marchés des produits et du travail. Afin d’améliorer la concurrence et stimuler l’innovation. Dans un contexte de risques accrus de fragmentation géoéconomique, l’institution considère le renforcement du commerce régional comme essentiel pour l’avenir économique de l’Algérie.