Dans une lettre ouverte adressée conjointement au ministre de la Communication, Hamid Grine, et au ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, Mme Atika Boutaleb, une descendante de l’Émir Abdelkader, revient sur la polémique suscitée par le livre de Feriel Benchicou-Furon, Si Bouaziz Bengana, le dernier roi des Zibans.
Elle s’alarme notamment de la caution donnée par un média public, en l’occurrence Canal Algérie, et du silence des autorités face à une tentative avortée de falsification de l’histoire nationale. “Je trouve très décevant de votre part de n’avoir jugé ni utile ni important d’intervenir et dire un mot à ce propos. Ne doit-on pas expliquer au peuple comment les moyens de l’État ont été mis à la disposition de Mme Furon pour faire la propagande de son livre ? Ne doit-on pas expliquer les apparitions de Mme Furon aux côtés de députés et d’autres hommes politiques algériens ? Ne sommes-nous pas en train d’accepter de passer sous silence une affaire qui devrait vous interpeller à plus d’un titre ?”
Il est à rappeler qu’en créant la fiction d’un personnage exemplaire, l’auteure a cherché non seulement à occulter le passé sanguinaire de son aïeul, Bouaziz Bengana, dont la mémoire collective retient à ce jour la cruauté, mais à impliquer également les autorités nationales qui n’ont toujours pas pris leurs distances avec les affirmations de ce livre qui a bénéficié, de surcroît, de l’utilisation des moyens publics pour sa promotion. Mme Boutaleb déplore notamment que cette affaire soit “reléguée au rang ‘inférieur’ de l’incompétence, et qu’on règle en sanctionnant deux journalistes, qui n’ont fait qu’exécuter des ordres venus de plus haut ?
Est-ce bien normal qu’aucun responsable ne se soit exprimé malgré l’indignation d’une grande partie de la population ? Pourquoi, messieurs les ministres, n’êtes-vous pas intervenus à ce propos ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’enquête pour déterminer les responsabilités et remonter à ceux qui ont cautionné ce pied de nez aux Algériens et à leur glorieuse histoire ? Votre silence assourdissant, messieurs, me perturbe profondément”, écrit-elle en demandant de faire toute la lumière sur cette affaire dont les “zones d’ombres” pourraient constituer, selon elle, un danger pour la nation.

On ne peut prétendre en effet à l’héritage de Larbi Ben M’hidi dont on vient de fêter le soixantième anniversaire du sacrifice suprême et accepter sans sourciller de s’allier avec ceux qui nient ou relativisent la résistance millénaire du peuple algérien. C’est pourquoi d’aucuns soupçonnent désormais un révisionnisme sournois qui tend à polluer les esprits dans notre pays pour faire l’apologie de la colonisation.