Plus d’un millier de Patriotes, issus de 33 wilayas, ont été empêchés, hier après-midi, à la sortie de la ville de Boufarik, par les services de sécurité alors qu’ils avaient entamé la marche vers le palais d’El-Mouradia en empruntant la RN1 qui relie Blida à Alger. La confrontation a été évitée de justesse entre le groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale et les Patriotes après que des négociations eurent été entamées entre des représentants des pouvoirs publics et les Patriotes pour la désignation d’une délégation, qui devra rencontrer les représentants du ministère de l’Intérieur.
Des centaines de Patriotes attendaient au bord de l’autoroute les résultats des pourparlers avec le ministère de l’Intérieur. Les Patriotes, dont le nombre serait entre 750 et 1 200, étaient déterminés à aller jusqu’au bout pour se faire entendre. Ils ont marché jusqu’aux portes d’Alger. “Nous ne bougerons pas d’ici, tant que nous n’avons pas une réponse par écrit qui garantira nos droits”, lance Mohamed Louzri, un des porte-parole des Patriotes et membre de la délégation. Hier, les plus vieux des Patriotes, dont certains dépassent 75 ans, ont marqué leur présence à ce rendez-vous qualifié de “marche de la dignité”. Des dizaines de banderoles étaient accrochées sur le mur de la Maison de la culture de la ville de Boufarik, sur lesquelles on pouvait lire “Où sont nos droits ?” ; “Nous voulons l’application de l’article 77” et tant d’autres slogans.
De vieux Patriotes représentant les 33 wilayas, dont Laghouat, Tlemcen et Tébessa, tous emmitouflés dans leur kachabia, affichaient leur mobilisation pour arracher leurs droits. “J’ai moi-même rencontré Bensalah lors de notre regroupement à la place des Martyrs pour lui expliquer notre situation sociale et lui remettre nos doléances. Je lui ai signifié qu’il est le deuxième homme du pays après Bouteflika, voilà nos doléances et à vous de les transmettre à qui de droit. Hélas ! Rien n’a été fait. J’ai, par la suite, rencontré Ahmed Ouyahia pour lui expliquer également notre situation. Idem. Par la suite, j’ai rencontré les partis politiques qui siègent au Parlement pour essayer de les sensibiliser sur notre situation, en vain. Comment l’expliquer aux veuves des Patriotes tombés sous les balles assassines des terroristes ?”, s’est interrogé ce vieux Patriote de 71 ans, originaire d’El-Oued. Ce dernier ne tolère guère qu’une veuve d’un Patriote décédé pour la patrie touche une pension de 11 000 DA.
“Un Patriote en activité touche 24 000 DA, et sans aucune assurance ! Nos droits sont bafoués. À l’État de venir vers nous, à défaut, c’est à nous d’aller vers cet État”, lance un autre Patriote de Tizi Ouzou. Pour rappel, les Patriotes revendiquent un décret présidentiel pour exécuter l’article 77 du Journal officiel de 2013 et qui indique la prise en charge sociale, en particulier la retraite anticipée et l’augmentation des pensions pour les veuves et ceux qui sont handicapés à vie. Selon Ali Bouguetaya, P/APC de la commune d’Oued Slama (Blida), Patriote également, plus de 4 000 Patriotes engagés volontairement dans la lutte contre le terrorisme ont laissé leur vie dans des combats meurtriers contre le terrorisme. À l’heure où nous mettons sous presse, nous apprenons qu’un important dispositif de sécurité a été déployé par la sûreté de wilaya d’Alger pour empêcher les protestataires d’avancer vers Alger. Les négociations entreprises ont abouti à la désignation d’une délégation de 20 Patriotes pour rencontrer de hauts responsables au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Selon la même source, aucune escarmouche n’a été enregistrée sur l’autoroute de Birkhadem.
Les Patriotes ont marché pacifiquement vers Alger pour crier haut et fort leur désarroi.
Les services de la DGSN ont alors accompagné cette délégation, sous haute escorte, vers le ministère de l’Intérieur où des pourparlers ont eu lieu.
K. FAWZI/F. BELGACEM