Une délégation d’Ansar Dine mercredi à Alger

Une délégation d’Ansar Dine mercredi à Alger

Une délégation du mouvement islamiste Ansar Dine dirigée par Iyad ag Gahli (photo), arrivera mercredi en Algérie a apprisAlgérie1 de sources diplomatiques. Cette mission, dont les membres la composant n’a pas été précisé, aura des entretiens avec des responsables algériens chargés du dossier du Mali. Il s’agit précise notre source, de faire un “ultime tour de la question” avant d’aller à Bamako prendre part dimanche prochain aux “concertations nationales” qu’organisera le gouvernement provisoire malien pendant trois jours dans l’espoir d’aboutir à un consensus national.

Le mouvement Ansar Dine qui a déjà pris ses distances publiquement avec les groupes terroristes AQMI et le MUJAO sous l’impulsion d’Alger, devra donc montrer patte blanche avant “d’affronter” les autres partenaires politiques du mali à Bamako. Le mouvement de Iyad Ghali est en effet loin d’avoir bonne presse au sud du pays où on le prend pour responsable de tous les maux du Mali depuis qu’il a pris la décision de se rebeller et déclarer “l’indépendance” de l’Azawad qu’il contrôle avec le Mujao dans le sillage du coup d’Etat du 22 mars dernier. Mais entre temps, débordé par les deux mouvements terroristes, AQMI et le Mujao avec lesquels il guerroie en ces moments même, Ansar Dine a changé son fusil d’épaule et décidé de renoncer à son idéal d’indépendance qui a fortement déplu à Bamako mais aussi à Alger.

Ultime tractations

La nouvelle disponibilité d’Ansar Dine à la négociation politique pour une sortie de crise et l’abandon de son option séparatiste l’a donc remis à flot y compris aux yeux de certains pays particulièrement à cheval sur l’intervention militaire comme la France. Après l’avoir catalogué dans la rubrique des groupes terroristes à combattre au même titre que Al Qaida, Paris a fini par revoir sa vision vis-à-vis du mouvement de Iyad ag Ghali. Le président Hollande himself a appelé samedi dernier son homologue malien à  ”intensifier” le dialogue avec les groupes “non terroristes à l’exception d’AQMI et du MUJAO”. L’intense travail de coulisse d’Alger qui a pu amener Ansar Dine à renoncer publiquement au terrorisme, a eu raison du puissant lobbying de la France.

Le lobbying algérien a payé

Ainsi remis en selle, le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra, a déclaré depuis Ouagadougou, où il a rencontré les missionnaires d’Ansar Dine que ce dialogue politique est “inévitable”, car les gens qui composent ces mouvements’ Ansar Dine MNLA) “sont nos compatriotes”. Reste l’intervention militaire étrangère dont le délai de remise du “concept opérationnel” est fixé pour le 26 de ce mois. Et contrairement à certaines lectures aléatoires, ce ne sera pas une partie de plaisir même si les cibles sont désormais bien désignée : AQMI et MUJAO.

L’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, l’Italien Romano Prodi, a exclu ce mardi toute intervention militaire dans l’immédiat. Celle-ci pourrait intervenir, selon lui, vers septembre 2013. Son argument ? “Tous les experts (politiques et militaires) sont d’accord pour dire qu’une intervention militaire ne pourrait avoir lieu qu’en septembre 2013″, a affirmé M. Prodi lors d’une conférence de presse à Rabat après des entretiens avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad Eddine El Othmani, selon des propos rapportés par l’agence AFP.

Prodi conforte Alger

Voilà qui a le don de glacer le sang de certains va-t-en guerre qui ne semblent pas avoir suffisamment saisi les difficultés mais aussi les dangers d’une telle aventure. Cette sentence de Prodi conforte la position de l’Algérie qui voit d’un mauvais oeil cette intervention. Le ministre de l’intérieur, Dahou Ould Kablia, a estimé aujourd’hui même : “Vouloir reconstituer l’unité du territoire malien par la force est une aventure qui ne pourra jamais réussir car il s’agit d’engager une confrontation militaire qui risque d’exacerber les tensions dans toute la région”, a-t-il déclaré à la radio.

Et d’ajouter : “Il faut un traitement politique qui consiste à amener les gens du nord (du Mali), qu’ils soient du MNLA ou d’Ansar Dine, à négocier librement avec les autorités centrales de Bamako pour aboutir à une solution permettant la réunification de ce pays. Après quoi, la guerre contre les groupes terroristes et les narco-trafiquants, qui est indispensable pour expurger cette zone de toute cette menace, n’en sera que beaucoup plus facile”, a-t-il expliqué. C’est à peu de détails prés, le processus engagé et encouragé par l’Algérie pour régler la crise malienne qui est d’abord une affaire interne. L’arrivée mercredi de la délégation d’Ansar Dine à Alger participe justement de cette volonté de mieux préparer le rendez-vous capital de dimanche prochain à Bamako.