Les pourparlers de paix, entre les autorités maliennes et les groupes indépendantistes touareg du Nord-Mali, reprendront la mi-juillet à Alger, a annoncé le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, en marge du sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est achevé vendredi à Malabo, en Guinée équatoriale. Une décentralisation «poussée» pourrait être adoptée comme solution en lieu et place de l’autonomie réclamée par les groupes armés touareg, a laissé entendre le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, lors d’un entretien accordé à RFI.
Le sommet de l’UA, qui s’est déroulé en Guinée équatoriale, le 27 et 28 juin, a été une occasion pour relancer l’offre de dialogue algérienne pour régler la crise inter-malienne. Le chef de la diplomatie malienne a affirmé que son pays est prêt à répondre à cette invitation de l’Algérie afin de trouver une solution politique à la crise qui secoue le Mali depuis le 17 janvier 2012. Selon lui, «la prochaine étape est qu’il est prévu qu’on se retrouve en Algérie mi-juillet», pour un second round des négociations avec les trois principaux groupes armés touareg : le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).
«Il appartient maintenant à la facilitation algérienne de dessiner les contours de cette rencontre. Pour notre part en tant que représentant du gouvernement, nous sommes disposés à répondre à l’invitation algérienne du mois de juillet pour engager cette discussion», a-t-il ajouté. «Après les déclarations et les plateformes signées par les groupes armés qui reconnaissent l’intégrité territoriale et la souveraineté du Mali, nous pensons qu’aujourd’hui les conditions sont réunies pour que s’engagent des pourparlers directs avec ces groupes sur la facilitation algérienne et puis l’implication des principaux acteurs de la région», a-t-il déclaré à l’agence chinoise Xinhua.
De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé auparavant que «toutes les conditions sont réunies à Alger pour la réussite du dialogue inter-malien», estimant qu’il existe des «perspectives prometteuses» grâce à «une bonne dynamique» entre les différentes parties qui prennent part à ce processus de paix. Pour rappel, l’Algérie, qui a toujours été au-devant de la scène lorsqu’il s’agit d’apporter sa contribution en faveur de la paix au Mali, a su reprendre l’initiative au Maroc et au Burkina Faso. Ces deux pays avaient joué les médiateurs jusqu’à l’aboutissement à la signature d’un accord de paix, le 23 mai dernier, à Ouagadougou.
Cet accord de paix n’a pas tardé à être rompu en raison d’une reprise des combats entre l’armée malienne et les groupes touareg du Mnla qui ont accusé Bamako de s’être attaqué à leurs camps quelques jours plus tard. Au lendemain de ces violences armées, Alger a repris les choses en main en appelant les parties en conflit à la table des négociations. Le 10 juin, un nouvel accord de cessez-le-feu a été conclu entre Bamako et les leaders politiques du Mnla, du Hcua et du MAA. Par ailleurs, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a affiché son enthousiasme quant à la réussite des pourparlers d’Alger, dans un entretien accordé à Radio France International (RFI). Interrogé en effet sur ses attentes, il a répondu attendre «le meilleur», lit-on sur le site de RFI.
«J’espère que cette fois-ci, nous sommes engagés dans une très bonne voie qui va nous permettre de déboucher sur un accord, cette fois-ci, de confiance, un accord global et définitif pour que nous n’ayons plus à déplorer ces morts d’un côté comme de l’autre. Pour moi, ce sont toujours des Maliens qui tombent. Et je crois qu’avec nos frères, le temps de l’entente est venu», a-t-il ajouté. «Je pense que la décentralisation vraiment poussée dans ses meilleurs effets, une bonne régionalisation avec une gouvernance revue et corrigée où nous pourrons nous retrouver (…) va permettre de trouver un compromis», a-t-il souhaité, selon RFI.
Son Premier ministre Moussa abonde dans le même sens, dans un entretien qu’il a accordé au quotidien français Libération. «Notre raisonnement est simple : les groupes armés disent que cette partie du territoire n’est pas assez développée ? Soit. On va donner suffisamment de pouvoirs aux élus pour véritablement la développer, si telle est vraiment leur intention. C’est là qu’on parle de régionalisation ou de décentralisation», a-t-il affirmé.
L. M.