L’idée n’est pas acquises, mais elle fait son chemin en Suisse : renvoyer les délinquants algériens en contrepartie d’une formation financée. Isabel Rochat, conseillère d’Etat responsable de la sécurité au Canton de Genève, a exposé l’idée d’expulser les criminels maghrébins en finançant leur retour volontaire par une formation dans leurs pays d’origine.
Selon le journal 20 minutes, la proposition de Mme Rochat a été faite à la Commission des finances du Grand Conseil dans le cadre de la présentation de son budget 2012.
Le projet de la ministre, indique encore le journal, « a également été présenté à la police cantonale.
Laurent Paoliello, porte-parole d’Isabel Rochat, explique la mesure : « Le projet de retour volontaire s’inscrit également dans le cadre de la prévention de la migration irrégulière. L’un des buts étant que les migrants prennent conscience, au travers de l’expérience de leurs compatriotes de retour au pays, qu’ils s’exposent à un échec migratoire en cas de venue en Suisse. »
En novembre 2010, les Suisses ont adopté par referendum un projet de loi sur l’expulsion automatique des criminels étrangers.
Déposé en 2009 par l’Union démocratique du centre (UDC), ce texte prévoit de priver les étrangers de leur titre de séjour s’ils ont été condamnés pour meurtre, viol, délit sexuel, brigandage, traite d’êtres humains, trafic de drogue, effraction ou fraude aux aides sociales. L’interdiction d’entrer sur le territoire peut aller de cinq à quinze ans.
Economiste de formation, Isabelle Rochat, 57 ans, est en charge, depuis novembre 2009, du Département de la sécurité, de la police et de l’environnement (DSPE), au canton de Genève.
Bien qu’elle soit réputée pour être adepte de la « tolérance zéro » à l’égard des criminels étrangers en situation irrégulière en Suisse, Isabelle Rochat s’est opposée au texte de loi déposé par l’UDC.
« Le texte est en contradiction avec les garanties de l’Etat de droit inscrites dans la Constitution fédérale, en particulier la protection de la vie privée et familiale, expliquait-elle en novembre 2010 dans un entretien accordé à la Tribune de Genève. Tout cela augurerait de grosses difficultés avec les pays voisins. On ne peut faire comme si nous n’étions pas liés par des conventions internationales. »
A défaut d’un renvoi automatique des délinquants, la conseillère d’Etat propose donc un accompagnement financier des volontaires au retour au pays.