Alger abritera, à partir de mercredi, une conférence de haut niveau sur la situation au Sahel. Au menu de cette rencontre exceptionnelle, la lutte antiterroriste et le crime organisé et l’aide au développement.
Invité de dernière minute : le conflit en Libye, avec ses répercussions sur cette sous-région, en matière de circulation d’armes, mais aussi de retour massif des populations fuyant le conflit vers leur pays d’origine.
Lors d’une conférence de presse organisée, hier au siège des Affaires étrangères, le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a tracé les grandes lignes devant être débattues lors de cette rencontre qu’abritera le Palais des nations, à Club-des-Pins.
Pour M. Messahel, la raison de la tenue d’une telle conférence réside dans le fait que c’est la sous-région où est localisée la menace. Par menace, il faudra comprendre, terrorisme, mais aussi crime organisé. La décision de tenir cette conférence a été prise le 20 mai dernier à Bamako, lors d’une rencontre entre les responsables de la sous-région. Ce sera la première réunion du genre, dans la mesure où elle devrait accueillir, outre les pays du Sahel, leurs partenaires, du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’Union européenne, des États-Unis d’Amérique, mais aussi des institutions internationales et des bailleurs de fonds. La conférence partira du principe selon lequel il ne peut y avoir de développement sans sécurité, comme il ne peut y avoir de sécurité sans développement.
Outre les institutions internationales invitées à cette conférence, il y aura de nombreux spécialistes internationaux en matière de lutte antiterroriste qui feront part de leurs analyses et conclusions. Les travaux de la conférence se déroulent sous forme de plénière, en plus de trois ateliers consacrés aux thèmes retenus (terrorisme, crime organisé et développement).
Mais le conflit libyen est venu s’inviter à la dernière minute. Dès lors, une réunion entre ministres de la sous-région est prévue, avant le début des travaux, pour débattre de ce conflit, d’échanger leurs analyses et points de vue, notamment en ce qui concerne les conséquences qu’il implique sur la région. En gros, la conférence permettra aux pays de la région de présenter, chacun de son côté, la situation de la menace terroriste. Une présentation sur la stratégie militaire commune adoptée par les pays du Sahel sera faite de même qu’un exposé sur la coopération en matière d’échanges d’informations et de renseignements. L’Union européenne et les USA feront, chacun, une présentation de leurs stratégies pour le Sahel, en plus de l’Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime organisé, ainsi que le Centre africain des études et recherches en terrorisme (CAERT).
Pour M. Messahel, les pays de la région ont mis en route un partenariat en vue de prendre en charge, par leurs moyens nationaux et régionaux, les menaces auxquelles ils font face. Sur le plan politique, des réunions périodiques se tiennent tous les six mois. Sur le plan sécuritaire, les chefs d’état-major se réunissent régulièrement dans le cadre de l’état-major opérationnel conjoint mis en place, mais aussi à travers l’unité de fusion et de liaison (renseignements). Ce partenariat consiste essentiellement à assure la formation des forces de sécurité, leur équipement, l’échange d’informations et de renseignements. Pour ce qui est du développement, le ministre a reconnu que le Sahel comprend des régions vulnérables, enclavées, parmi les plus pauvres au monde et qui constituent un terreau pour les groupes terroristes. L’Algérie aura, durant cette conférence, à présenter son projet de route transsaharienne, en tant que modèle d’un projet structurant d’intégration régionale.
M. Messahel a affirmé qu’il existait une volonté réelle de la part de la communauté internationale en vue d’accompagner les pays du Sahel pour faire face à la menace.
Il a estimé que la position géographique de l’Algérie et sa longue expérience en matière de lutte antiterroriste font d’elle un partenaire sérieux. D’ailleurs, il a annoncé la création d’un forum composé de 35 pays impliqués dans la lutte antiterroriste, dont l’Algérie, qui tiendra sa première réunion le 25 septembre à New York.
M. Messahel admet qu’“il y a une nouvelle situation créée dans la région par le conflit libyen. Cette crise peut avoir des répercussions sur la sous-région”. Mais le ministre refuse de parler de la Libye, estimant que le chef de la diplomatie algérienne s’en est chargé, sans pour autant omettre de signaler que “la situation sécuritaire en Libye relève des autorités libyennes, mais la sécurité régionale est l’affaire de tous. Nous espérons que la situation se normalise en Libye, avec un État qui réponde aux standards universels”.
M. Messahel reconnaît implicitement que la convergence de vues entre les pays de la sous-région a mis du temps pour se concrétiser “durant les années 2006 et 2007, le Mali et le Niger ont plaidé pour une conférence sur la sécurité et le développement consacrée essentiellement à la rébellion des Touareg. Pour nous, la menace était le terrorisme et non les Touareg. Ces derniers sont chez eux”.