Une chorba servie avec cœur, 1er f’tour dans les restaurants de la rahma

Une chorba servie avec cœur, 1er f’tour dans les restaurants de la rahma
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Les jeûneurs sont unanimes à dire qu’il n’est pas facile de passer le mois de ramadan loin des leurs.

Les jeûneurs qui fréquentent le restaurant Errahma dans la localité de Rouiba, sont en majorité, des travailleurs du bâtiment, venus de l’intérieur du pays. Ils sont unanimes à dire qu’ils ne s’étaient pas préparés à passer ce mois sacré loin des leurs et qu’il n’est pas facile avec la canicule en ce mois d’août, de passer toute une journée sur l’échafaudage, pour faire, ensuite, une longue et éreintante chaîne afin de pouvoir rompre le jeûne, «d’autant que nous nous soucions beaucoup du sort de nos familles, que nous avons laissées sans grandes ressources», nous confie Khelifa, un ouvrier originaire de Taher, dans la wilaya de Jijel.

C’est pratiquement le même cas pour Messaoud, originaire, lui aussi, de Jijel. «Si au moins nous pouvions disposer de deux petites faveurs en ce mois sacré : être prioritaire pour nous restaurer et disposer d’une adresse, d’une boîte postale ou autres pour communiquer avec nos proches.»

C’est la tristesse et l’amertume parmi ces ouvriers, que les circonstances ont classés démunis, malgré eux. «Nous n’avons pas mangé à notre faim», nous avoue Menouar, originaire de Bordj Bou-Arréridj, que nous avons accosté, lui aussi, à la sortie du restaurant Errahma, initié par la municipalité de Rouiba.

LG Algérie

En revanche, pour son ami Djillali, originaire de Chlef, c’est le menu qui semble ne pas lui plaire. «C’est un menu plutôt frugal pour quelqu’un qui dépense une grosse énergie dans des travaux pénibles», nous dit-il.

C’est presque le même son de cloche à Bab Ezzouar, où les jeûneurs se plaignent de la restauration en ce premier jour de ramadan. «Les autorités locales devraient aller plus loin dans ce geste de solidarité et faire des efforts pour améliorer, un tant soit peu, nos conditions de vie en ce mois sacré», estime un citoyen venu récupérer le repas du f’tour de sa famille.

Bélaïd est un ouvrier de Savimos, une entreprise issue de l’ex-Erca et dont les salaires n’ont pas été versés depuis plusieurs mois. Ce citoyen, originaire de Sétif, est père de quatre enfants. Sa famille est restée à Sétif. «Pour nous, les travailleurs de l’ex-Erca, notre unique secours, en ce mois de ramadan, c’est ce restaurant. Sinon, ce seraient la misère et la faim», nous dit-il, se montrant satisfait du service. «L’organisation est impeccable le service est irréprochable.» Il parle de ses collègues de travail avec émotion. «Nous sommes une centaine de travailleurs à implorer notre employeur et les autorités pour qu’ils nous accordent un minimum de considération, en nous versant nos salaires, afin que l’on subvienne aux besoins de nos familles restées au bled.»

Chaque convive de ce restaurant de la rahma a une histoire personnelle à raconter, mais tous sont unanimes à dire qu’«il existe, quand même, des institutions sensibles à la douleur des autres. A l’heure du f’tour, les pensionnaires de cet espace, munis d’un plateau métallique, défilent sans bousculade devant les serveurs. Tout le monde est servi. Il y a assez de nourriture pour tous», lance un bénévole, visiblement doublement éprouvé et par le jeûne et par la fatigue.