Une cession tributaire de l’aval d’Alger: BP veut quitter l’Algérie

Une cession tributaire de l’aval d’Alger: BP veut quitter l’Algérie

British Petroleum un des plus importants investisseurs étrangers dans le secteur des hydrocarbures en Algérie songerait, selon des informations publiées dans les médias financiers spécialisés, à se retirer de l’Algérie.

L’opération consisterait à céder ses actifs à la compagnie pétrolière russe TNK-BP née en 2003 de la fusion entre BP et la société Alfa Access / Renova groupe (AAR).

Les deux parties, BP et AAR, propriété de 4 oligarques milliardaires russes, y détiennent 50%. TNK-BP est déjà en pourparlers avec le groupe britannique BP pour l’achat d’actifs au Venezuela et au Vietnam et pourrait étendre ses ambitions vers l’Algérie. L’information rapportée par « Deal Journal », un blog hébergé du Wall-Street Journal cite des « sources proches du dossier » qui affirment que BP considère que ses activités en Algérie ne sont pas essentielles et pourraient être cédées à TNK-BP. On précise cependant que les discussions en sont encore à un stade préliminaire et qu’il n’y a pas d’accord imminent en ce sens.

Les auteurs de l’article considèrent qu’un accord dans les trois pays ne sera pas facile mais qu’il pourrait rapporter plus de 5 milliards de dollars. Les deux parties, BP et TNK-BP se sont abstenus de commenter l’information. Il faut rappeler que le groupe britannique qui a essuyé des pertes record de 17 milliards de dollars au deuxième trimestre 2010 a exprimé l’intention de 30 milliards de dollars d’actifs afin de couvrir les dépenses de la grande pollution provoquée par l’explosion de la plateforme de Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique.

Le groupe britannique a déjà levé 10 milliards de dollars dont 7 milliards résultat de la vente d’actifs à l’entreprise Apache Corp aux États-Unis, au Canada et en Egypte. Une éventuelle opération de cession dans les trois pays cités (Venezuela, Vietnam et Algérie) permettrait à British Petroleum d’arriver à la moitié de la somme recherchée, soit 15 milliards de dollars.

S’agissant des pourparlers sur le Venezuela, TNK-BP avait publié en juillet un communiqué annonçant qu’elle «évaluait de manière active la possibilité de participer à l’actif» et qu’elle considérait la chose comme une «opportunité de se développer à l’international et d’accroître sa présence au Venezuela où il a déjà un certain nombre d’investissements.

Relations politiques et droit de préemption

Une source proche de TNK-BP avait indiqué au WSJ que l’entreprise est très particulièrement intéressée par l’acquisition d’actifs de BP dans les pays où la Russie dispose de relations diplomatiques chaleureuses. C’est le cas du Venezuela autant que de l’Algérie ou du Vietnam où TNK-BP s’intéresse à la participation à un projet gazier de Nam Con Son, au large de Ho Chi Minh-Ville d’un coût de 1,3 milliard de dollars. Il reste que si la Russie et l’Algérie ont des relations diplomatiques que l’on pourrait qualifier de chaleureuses, une éventuelle cession des actifs de BP à TNK-BP, une société russe même si BP y détient 50%, se heurterait à des obstacles politico-juridiques. L’Algérie a, en effet, institué à la faveur de la LFC 2009 un droit de préemption sur la cession des actifs des entreprises étrangères qui a été conforté et élargi par la LFC 2010. Une éventuelle entrée du TNK-BP dans le domaine des hydrocarbures algérien à travers l’achat des actifs de BP devra préalablement avoir l’accord du gouvernement algérien.

British Petroleum (BP) est le plus important investisseur étranger en Algérie. En mai dernier, avant l’explosion de la plateforme de Deepwater, BP avait annoncé des investissements de 2,3 milliards de dollars dans les travaux d’exploration en Algérie et dans les gisements de gaz d’In Salah et d’In Amenas.

BP avait déjà investi 5 milliards de dollars en Algérie depuis 1995. Un spécialiste des questions pétrolières estime qu’il ne déplairait pas à BP que Sonatrach préempte sur la cession de ses actifs. L’achat d’actifs par TNK-BP l’engage à 50% et réduirait d’autant les ressources escomptées pour faire face aux urgences.