La perspective du 19 mars annonce l’arrivée sur les rayons des librairies d’une centaine d’ouvrage sur la guerre d’indépendance menée par le FLN/ALN contre le colonialisme français.
Entre ceux (historiens et anciens soldats) qui nous livreront les vieilles recettes de la guerre coloniale avec un habillage nouveau et les derniers rares témoins crédibles de cette terrible guerre d’indépendance, le lecteur averti aura l’embarras du choix. Essais, ouvrages de référence, récits, livres pour enfants, romans : plus de cent livres sont programmés à l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie et dans beaucoup se retrouvent la question de la mémoire et celle plus large de la colonisation. La mémoire des anciens appelés, notamment, était encore récemment enfouie et souvent tue dans les familles. « Depuis 4 ou 5 ans, je reçois des dizaines de manuscrits d’anciens soldats qui arrivent à la fin de leur vie et se mettent à parler », témoigne François Gèze, PDG de La Découverte, cité dans Livres Hebdo, qui répertorie cette semaine la bibliographie complète des 115 nouveautés publiées sur l’Algérie de janvier à juin 2012.
Plusieurs anciens appelés devenus célèbres comme Jacques Higelin, Cabu, Pierre Joxe, Poulidor ou Jean-Claude Carrière témoignent dans « Ils avaient 20 ans. Ils ont fait la guerre d’Algérie » (Tallandier, mars). Robert Laffont publie de son côté « Guerre d’Algérie : des jeunes gens ordinaires confrontés à l’intolérable » en février.
Dans le camp des anciens maquisards algériens, Yaha Abdelhafidh, ancien officier de l’ALN publiera à la mi-février, chez Riveneuve édition, le premier tome de ses mémoires : Ma guerre d’Algérie, Aux coeur des maquis de la Kabylie (1954 – 1962). Un livre témoignage écrit dans la chair de ce nationaliste.
La Découverte, éditeur de référence sur l’Algérie, publiera notamment en mars « Histoire de l’Algérie : XIXe-XXe siècles » par Benjamin Stora, qui recensait déjà en 1996 dans Le Dictionnaire des livres de la guerre d’Algérie (L’Harmattan), pas moins de 2.200 publications sur le sujet. L’historien livrera aussi en mars La guerre d’Algérie expliquée à tous (Seuil).
En avril, La Découverte sortira également une vaste fresque, Histoire de l’Algérie à la période coloniale 1830-1962, réunissant 80 contributeurs algériens, anglo-saxons et français, dont l’historienne Sylvie Thénault qui vient de sortir chez Odile Jacob Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale : camps, internements, assignations à résidence. La journaliste Nathalie Funès parle aussi des camps de détenus pieds-noirs français favorables à l’indépendance dans Le camp de Lodi : Algérie 1954-1962 (Stock) à paraître en mars. Sa consœur Brigitte Benkemoun reconstitue le passé da sa famille dans La petite fille sur la photo (Fayard, avril) tandis que le journaliste Guillaume Zeller, petit-fils de l’un des quatre putschistes de 1961, publie 5 juillet 1962 : le massacre oublié (Tallandier, avril) sur le massacre d’Européens à Oran, après les accords d’Evian.
Le roman graphique de Désirée et Alain Frappier Dans l’ombre de Charonne (Mauconduit) reconstitue le drame du 8 février 1962. Sur le même sujet, La Joie de Lire publie un roman pour enfants, Dernier métro, de Christophe Léon. Les jeunes lecteurs pourront aussi découvrir L’Algérie ou la mort des autres de Virginie Buisson (Gallimard Jeunesse).
Il reste à savoir, à un peu plus d’un mois de la proclamation du cessez-le-feu, quels sont les ouvrages prévus en Algérie et surtout le programme prévu par les autorités pour commémorer dignement cette date symbole de renaissance de la nation algérienne.
Y. K.AFP