Une « caravane de la libération » est entrée dans Tunis

Une « caravane de la libération » est entrée dans Tunis

De très nombreux manifestants sont arrivés ce matin dans la capitale tunisienne. Ils ont l’intention de faire tomber le gouvernement de transition dirigé par Mohamed Ghannouchi.

« Le peuple vient faire tomber le gouvernement ». Le message est clair. Ce dimanche 23 janvier à Tunis, la population veut faire table rase du passé. Le gouvernement de transition, dirigé par l’ancien Premier ministre de Zine el-Abidine Ben Ali, Mohamed Ghannouchi n’a pas ses faveurs.

Ils sont près d’un millier de manifestants à avoir voyagé toute la nuit, depuis le centre du pays, foyer initial de la contestation populaire, pour gagner la capitale. Ils sont de Sidi Bouzid – d’où est partie la révolution dès le mois de décembre -, de Menzel Bouzaiane, de Regueb et veulent faire « tomber les derniers restes de la dictature ».

Parmi les contestataires, de nombreux jeunes venus du centre-ouest déshérité de la Tunisie, qui ont alterné marche et trajets en véhicule cette nuit au sein de ce convoi auto-baptisé « caravane de la libération ». Près de 300 personnes sont parties samedi matin de Menzel Bouzaiane et ont été rejointes au fur et à mesure de leur progression par des habitants venus de la région, et suivis de véhicules hétéroclites, voitures, motos, camionnettes… Des syndicalistes et des militants des droits de l’homme ont décidé de se joindre à leur mouvement et en ont gonflé les rangs.

La « caravane de la libération »

Ce convoi, qui devait initialement arriver à Tunis en quatre ou cinq jours, a décidé d’accélérer le rythme, estimant qu’il n’y avait pas de temps à perdre pour faire tomber le gouvernement. Tôt ce dimanche, les manifestants ont remonté l’avenue Bourguiba sur laquelle se déroulent des manifestations quotidiennes depuis le mois de décembre, puis se sont installés en sit-in devant le ministère de l’Intérieur.

Ils ont déployé un portrait géant de Mohamed Bouazizi, ce jeune homme qui s‘était immolé par le feu à Sidi Bouzid le 17 décembre dernier pour protester contre ses conditions de vie. Une révolte populaire s’en était suivie, débouchant moins d’un mois plus tard sur la fuite du président Ben Ali.

Contestation latente

La contestation ne faiblit pas, en dépit des promesses du nouveau gouvernement. Mohamed Ghannouchi a confirmé hier qu’il ne resterait pas au pouvoir après l’organisation des élections démocratiques. Il a également annoncé un train de réformes, des dispositions qui peinent à convaincre la population, méfiante vis-à-vis de cet ancien proche de Ben Ali. « J’avais peur, comme tous les Tunisiens », a-t-il pourtant déclaré cette semaine dans une interview télévisée.

Les enseignants ont annoncé une grève illimitée à partir de lundi, date à laquelle les écoles devaient rouvrir. Ce mouvement, à l’appel de l’UGTT (syndicat tunisien) réclame la « dissolution du gouvernement ». Le régime de transition avait pourtant nommé des membres de l’UGTT dans ce gouvernement d’union nationale, mais ceux-ci ont démissionné peu après leur nomination, estimant qu’ils ne pouvaient gouverner auprès des anciens caciques du régime benaliste, issus des rangs du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, ex-parti de Ben Ali).