En plus d’une batterie de mesures pour l’emploi déjà annoncée, la tension qui prévaut dans le Sud continue d’entraîner des déclarations et déplacements de ministres dans la région, en vue d’absorber la colère contagieuse des chômeurs. Compte tenu de l’ampleur que pourrait prendre la grogne des chômeurs du Sud, les autorités publiques, à commencer par le Premier ministre, n’ont cessé de montrer un intérêt particulier vis-àvis des préoccupations de la population du Sud depuis la recrudescence des manifestations des chômeurs dans plusieurs wilayas de la région.
Le vent de sable soulevé par la crise de l’emploi et un cadre de vie des plus lamentables, a été accueilli dans le Nord, comme à l’accoutumée, par plusieurs déclarations et promesses officielles de prendre en charge le mal-être de ces jeunes qui ne savent pas quoi faire de leur vie. Comme une politique de l’emploi relève d’un choix politique et que le «style» d’une économie ne peut pas changer du jour au lendemain, les autorités n’ont trouvé d’autre réponse que celle de l’apaisement dans plusieurs tentatives qui tentent de résorber la crise de l’emploi.
Mais elles sont encore loin d’avoir les moyens de rattraper le retard et les défaillances frappantes de la politique de l’emploi. Mercredi dernier, les ministres de l’Intérieur et des Collectivités locales, de l’Agriculture et du Développement rural et des Ressources en eau, respectivement Daho Ould Kablia, Rachid Benaissa et Hocine Necib, ont tenu une réunion avec les «représentants de la société civile» des wilayas de Ouargla et Ghardaïa sur l’emploi dans ces secteurs. Dans son communiqué, le département de l’Intérieur et des Collectivités locales explique que «les solutions proposées et programmes élaborés par les secteurs ministériels concernés et les modalités de leur mise en oeuvre ont été examinées lors de cette rencontre ».
Cette réunion s’inscrit, selon la même source, dans le cadre «des rencontres périodiques organisées pour l’examen des aspects socio-économiques relatifs notamment au recrutement et à l’emploi». Pour sa part, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a souligné jeudi à Alger qu’«une réflexion suivait son cours pour l’institution de nouveaux avantages fiscaux destinés à encourager les entrepreneurs à investir dans les projets de développement au Sud du pays».
Ces nouveaux avantages, consistant en des réductions des charges sociales et des impôts, visent à encourager l’investissement créateur de richesses dans la région, et contribueront, dans une large mesure, à créer des postes d’emploi. S’exprimant également sur la question du chômage qui nourrit la grogne sociale dans le Sud, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune appelle à la révision de «l’échelle des priorités» pour la prise en charge effective des préoccupations de la société, faisant remarquer «un déséquilibre » entre les régions et les communes.
Elle soulignera la nécessité qu’il y a pour l’Etat « de résorber le déficit financier qu’accusent, selon elle, plus de 900 communes» et de «revoir l’échelle des priorités» telle la politique de l’emploi et des salaires. Pour sa part, le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) attend toujours un «travail» gouvernemental plus sérieux en termes de politique de l’emploi, loin des déclarations, des promesses et des mécanismes qui n’offrent rien au marché du travail, aux chômeurs et encore moins à l’économie nationale.
Y.A.