Les routes de la drogue dure passent par Alger

Les routes de la drogue dure passent par Alger
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Les routes de la drogue dure passent par Alger

L’usage de la cocaïne semble être en hausse en Afrique.

Environ un million d’Africains auraient consommé de la cocaïne au cours de l’année écoulée, selon l’Organe international de contrôle des stupéfiants (Oics) qui précise également qu’en Afrique du Nord, où la prévalence de l’usage de cocaïne est considérée comme faible, une augmentation de la consommation a été enregistrée en Algérie et au Maroc.

Cette hausse a également été confirmée par le rapport du Département d’Etat américain sur la drogue qui a indiqué que «la plus grande partie de la drogue transitant par l’Algérie se compose de cannabis d’origine marocaine, en particulier la résine de cannabis ou haschich, et d’une quantité croissante de cocaïne sud-américaine».

D’ailleurs même les bilans établis par l’office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, confirment la courbe ascendante de saisie de drogues dures en Algérie et par ricochet la présence

LG Algérie

de ces substances sur le marché algérien. Pour cette année et une simple comparaison entre le premier semestre 2012 et celui de l’année dernière l’Algérie enregistre une augmentation de 243,33% de saisie de cocaïne et de 365,19% d’héroïne. La hausse est de 100% pour le crack et les flacons de chlorhydrate de méthadone et de solution psychotropes. Cette tendance à la hausse est également constatée entre les années 2010 et 2011, avec une augmentation de 825,60 %, 100 %, 1206,80 % et 976,08 %, respectivement pour la cocaïne, le crack, l’héroïne et le pavot à opium. Ce qui indique que le trafic des drogues dures est en courbe croissante et que l’Algérie, connue pour être un pays de transit, risque fortement de se transformer en pays de consommation.

Ces drogues parviennent essentiellement de trois pays, grands producteurs de ce poison, à savoir : la Colombie, le Pérou et la Bolivie.Selon un rapport de l’Onu, la production de cocaïne dans ces pays s’élève à quelques 1 000 tonnes annuellement dont près de 45% sont destinés au marché américain, et 25% à 30% au marché européen. Les trafiquants changent périodiquement de mode opératoire pour faire transiter la cocaïne. La majorité des trafiquants utilisent la voie maritime et la voie aérienne pour acheminer leur marchandise. Selon le rapport de l’Oics, les trafiquants utilisent souvent «des aéronefs commerciaux de seconde main pour transporter la cocaïne vers l’Afrique de l’Ouest». En 2010, un nombre croissant d’aéronefs modifiés a décollé de la République bolivarienne du Venezuela en direction de pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie et la Sierra Leone, précise le rapport qui ajoute «une fois arrivée en Afrique de l’Ouest, la cocaïne destinée à l’Europe est pour l’essentiel transportée par voie aérienne, généralement par des passeurs voyageant à bord de vols commerciaux, mais aussi par fret aérien.

Une partie est transportée en contrebande à travers le Sahara en direction de l’Afrique du Nord avant d’atteindre l’Europe».

Par voie maritime, le chemin choisi au début pour ce trafic passait par l’axe des Antilles : des voiliers chargeaient les quantités de cocaïne en direction d’Espagne, des îles du Cap Vert ou les Açores. Contrecarré par un dispositif de sécurité européen, les trafiquants ont dû changer leur route et passent plus au sud : du Brésil vers l’Afrique de l’Ouest où les côtes africaines sont moins surveillées par manque de moyens. Selon des estimations données par plusieurs sites sur la toile, la quantité de cocaïne transitant par l’Afrique de l’Ouest est passée de 3 tonnes en 2004 à environ 47 tonnes en 2007, avant de retomber à environ 21 tonnes en 2009. La publication des saisies effectuées en Afrique permet, quant à elle, de mettre en évidence le flux de la cocaïne sur des périodes plus récentes. L’Afrique du Sud a déclaré avoir saisi 1,7 tonne de cocaïne dans un navire en provenance du Paraguay en décembre 2010. En juillet 2011, la marine portugaise a intercepté un bateau de pêche venant de la Namibie et transportant près de 1,7 tonne de cocaïne, destinée au marché européen. En mai 2011, 875 kg de cocaïne ont été saisis au Paraguay; la drogue avait été dissimulée dans un conteneur maritime à destination du Mozambique. Selon les estimations des autorités sud-africaines, environ 40% de la cocaïne passée en fraude en Afrique du Sud est destinée à l’Europe et les 60% restants sont consommés par la population locale, ou bien transportés en contrebande dans d’autres pays d’Afrique. En fait, la nouvelle route africaine empruntée par les trafiquants, réunit toutes les conditions favorisant le transit de la cocaïne.

Outre le manque de moyens de contrôle, il y a la facilité de corruption et les conflits qui déstabilisent de nombreux pays africains. Raison pour laquelle, les trafiquants colombiens et vénézuéliens se sont implantés de manière durable en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest. La cocaïne importée des pays producteurs est stockée sur place avant d’être acheminée, par voie terrestre et par voie aérienne vers d’autres pays d’Afrique et vers le nord, dont l’Algérie. Elle emprunte la bande sahélo-saharienne, qui traverse le nord du Niger, le Mali et le sud de l’Algérie. Cette bande réputée pour être la plaque tournante de tous les trafics et infestée de groupes terroristes dont la connexion avec les trafiquants de tous bord n’est plus à démontrer.

Arrivée dans le sahel, la cocaïne prendra le chemin généralement emprunté par le cannabis, la drogue la plus souvent consommée sur le continent africain.

Elle sera alors divisée en deux quantités : une première qui sera destinée au marché local et une seconde qui devra transiter par voie maritime ou aérienne vers l’Europe. Et c’est la quantité qui est destinée à la consommation locale qui est la plus menaçante pour l’avenir de l’Algérie. Surtout qu’elle est en croissance permanente. Ce sont les trafiquants habituels de cannabis qui se sont convertis au trafic de cocaïne. En lien direct avec les «importateurs», installés dans les pays africains, ces trafiquants sont organisés, comme dans toutes les formes de commerces, en «grossistes», «semi-grossistes» et «détaillants».

Les différentes quantités saisies auprès des trafiquants par les services algériens confirment cette organisation. Les saisies démontrent également la propagation alarmante de cette drogue en Algérie. Elles renseignent sur son itinéraire et sa destination, notamment lorsque les arrestations se produisent au niveau de l’aéroport et du port. La majorité des trafiquants arrêtés sont d’origine africaine en partance vers l’Europe. Ne se suffisant pas d’utiliser l’Algérie comme pays de transit, les narcotrafiquants tentent ces dernières années d’y installer des lieux de fabrication de cocaïne. Pour preuve, les déclarations faites par le directeur de la Police judiciaire au commandement de la Gendarmerie nationale lors d’un point de presse annuel consacré au crime organisé, animé l’année dernière. Ce responsable avait révélé que les services de la Gendarmerie nationale avaient réussi à déjouer l’installation de laboratoires de traitement de drogues dures et d’héroïne en Algérie.Le rapport de l’Oics qui estime qu’il y a une hausse de l’usage illicite de la cocaïne dans certains pays africains, souligne que les pays d’Afrique du nord, touchés par la révolution, risquent d’être des cibles pour les trafiquants du fait de l’affaiblissement des services de détection et de répression. Comme indication l’Oics fait état, dans son rapport, du nombre croissant de saisies importantes de cocaïne, réalisées en cours de transport vers des pays d’Afrique entre 2010 et 2011.

Le trafic de l’héroïne a également connu une évolution avec la saisie record en 2011 effectuée au Kenya et en Tanzanie. La drogue transite aussi par le Mozambique pour passer en Afrique du Sud où elle est consommée ou introduite clandestinement dans d’autres pays d’Afrique australe, renseigne le rapport.

À signaler enfin que l’héroïne, autre drogue dure, est également acheminée vers l’Afrique à partir d’Afghanistan.

«On estime qu’entre 40 et 45 tonnes d’héroïne afghane ont été introduites clandestinement en Afrique en 2009. L’Afrique de l’Est est toujours la zone de transit principale pour l’héroïne d’Asie occidentale destinée aux marchés illicites en Europe, en Amérique du Nord et dans certaines régions d’Asie», affirme le rapport de l’Oics. L’Afrique du Sud et le Nigéria comptent parmi les autres plaques tournantes importantes du trafic d’héroïne en Afrique. Le flux croissant d’héroïne pénétrant en Afrique a entraîné une augmentation de l’usage illicite de drogues dans toute la région.