Les étrangers sans-papiers vivant en France préfèrent dans de nombreux cas cacher leur maladie, pour éviter un calvaire, long et parfois humiliant et qui finit dans certains cas par une expulsion.
Un rapport de l’Observatoire des étrangers malades, créé par l’association AIDES, déplore « des démarches anormalement longues et pénibles » pour les sans-papiers malades en quête d’un titre de séjour qui leur permettrait de se soigner. La moitié seulement arrive à arracher ce titre de séjour temporaire, précise encore le rapport que l’Observatoire des étrangers malades a publié aujourd’hui vendredi.
« La réforme du droit au séjour pour soins adoptée le 16 juin 2011 porte ses premiers fruits pourris » note le rapport qui se base sur pas moins de 155 cas de malades dont des personnes séropositives (81%). Le rapport évoque, en outre, d’autres traitements indignes que subissent les étrangers malades en France, comme les conditions d’accueil en préfecture souvent dégradantes, citant des exemples concrets tels 27 % des cas d’une longue attente de plus de 5 heures, 11% de cas de tutoiement, 22% de cas d’absence de toilettes, plus de 30% de cas de non respect de confidentialité.
Les étrangers sans-papiers vivant en France souffrent également, et toujours selon le rapport en question, d’une nouvelle loi sur l’immigration adoptée l’année dernière et qui restreint le droit au séjour des étrangers malades. Selon ce nouveaux texte de loi élaboré pour réduire davantage le nombre d’immigrés et faciliter les campagnes d’expulsion menées tambour battant par le gouvernement de Sarkozy, le titre de séjour n’est accordé que dans le cas où le traitement approprié est absent dans le pays du demandeur, alors qu’auparavant, il s’agissait de s’assurer de l’accès effectif au traitement.
Ce qui est différent aux yeux des rédacteurs de ce rapport qui dénoncent, dans le même sillage, les « traques, persécutions policières, humiliations administratives, dénis de droits aux préfectures sur les conditions d’accueil indignes (qui) ponctuent désormais le quotidien des étrangers gravement malades vivant sur notre territoire ».
Par ailleurs, « l’exigence fréquente de pièces non prévues par la réglementation, passeport en cours de validité dans 31,8% des cas, certificat médical non descriptif dans 23% des cas, voire totalement fantaisiste (lettres de motivation, engagement à ne pas demander de regroupement familial) sont propices au découragement et à l’abandon des démarches », relève encore ce rapport. « Ce véritable parcours du combattant mine la santé, barre aux malades l’accès à l’emploi et à des conditions de vie dignes. La menace permanente de l’expulsion, elle, les plonge dans une clandestinité incompatible avec la maladie », déplore le rapport.