«Delalate», c’est l’appellation donnée aux vendeuses d’or dans des marchés informels, elles squattent les grands espaces tels que le jardin du Ruisseau, Bachdjarah,la place Emir…
Ces «femmes en or» sous leurs hayek, laadjar ou hidjeb pour qu’elles soient discrètes et passer inaperçues exhibent leurs marchandises. Des femmes de tous âges montrent aux passants leurs doigts, poignets et bras ornés de bijoux : colliers, bracelets, bagues… etc., d’autres, par crainte d’une saisie de la totalité de leurs produits par la police, n’étalent qu’une partie.
En effet, ces rues pullulent de plus en plus de ces vendeuses ambulantes par rapport aux années précédentes ; il est impossible de passer sans être assaillis par ces vendeuses pour l’achat de bijoux avec des propos convaincants pour gagner le client : «Si tu n’achètes pas cette bague tu va le regretter et tu ne vas pas la trouver ailleurs à ce prix». Défiant toute concurrence, elles proposent le gramme à un prix plus bas par rapport aux autres marchands et autres bijoutiers. En envahissant les grandes places, ces vendeuses se cachent et rassurent en exposant leurs marchandises tranquillement évitant si possible la traque des services du contrôle et de la répression des fraudes. Par ailleurs, cette catégorie féminine est contrainte de se rabattre sur ce business comme une parade pour gagner tant bien que mal sa vie et subvenir ainsi à ses besoins. Leur âge oscille entre 30 et 60 ans. Il y a celles qui travaillent dans ce créneau depuis 25 ans. C’est le cas de Aïcha, 60 ans, qui fait ce travail depuis 30 ans déjà, elle s’est intégrée dans ce métier depuis qu’elle a perdu son mari. C’est avec ce business qu’elle a pu subvenir aux besoins de ses 5 enfants. A la rentée scolaire ou pour le ramadhan, plusieurs femmes vendent leurs bijoux par nécessité ; ces vendeuses (delalate) qui se sont adaptées à ce genre de marché et de commerce sautent sur l’occasion pour acheter et revendre au moment des fêtes car le gramme va augmenter jusqu’au double de son prix, nous a fait comprendre cette Dame qui travaille dans ce métier. Par rapport au prix de ce métal précieux, notre interlocutrice nous informe que l’or cassé s’achète entre 1 400 et 1 800 DA le gramme, selon le carat et sa cote en Bourse et il se revend entre 3 000 et 3 800 DA le gramme. Par contre, d’autres femmes travaillent pour le compte d’autres soi-disant bijoutiers, ils leurs donnent un pourcentage avec un bonus comme gagne- pain.
En somme, ce commerce informel a un impact négatif sur d’autres, notamment sur les bijoutiers. Lors de notre virée dans les bijouteries, on constate la rareté pour ne pas dire l’absence de clients dans ces locaux de luxe. A cet effet, ces derniers déplorent ce genre de marché informel et ont interpellé à maintes reprises les autorités concernées pour mettre fin à ce commerce car la majorité ont baissé rideau en l’absence de clients. En réalité, leur demande n’a pas trouvé de réponse favorable.
Ce métal précieux n’est pas toujours fiable
«Tout ce qui brille n’est pas or», en dépit des prix plus bas que les bijoutiers, plusieurs femmes préfèrent acheter dans des magasins afin d’éviter toutes sortes d’arnaques. Elles préfèrent achter dans des bijouteries qui délivrent des factures qui font office de bons de garantie, car plusieurs d’entres elles sont tombées dans ce piège en croyant que c’est de l’or alors qu’il s’agissait d’un ouvrage fait d’un mélange de différents métaux.
«Je préfère acheter dans des magasins avec une garantie que d’acheter à un prix bas chez les ‘’dalalate’» sans savoir si c’est du vrai ou du faux», déclare une jeune fille.
En outre, plusieurs femmes inattentives sont tombées dans cette arnaque en achetant pour une grande somme de bijoux, et il s’est avéré que même quelques bijoutiers sont complices avec ses arnaqueurs, en les consultant après l’achat d’un bijou. D’autre part, Agenor (l’Agence nationale des métaux précieux) enregistre un rush particulier pendant les fêtes et d’autres occasions car plusieurs sont poussés par le besoin et sont obligés de se séparer de leurs bijoux et préfèrent marchander avec une agence étatique qu’avec les vendeurs ambulants.
Par Belkadi Djamila