Une année après les émeutes de janvier 2011, La grogne sociale persiste

Une année après les émeutes de janvier 2011, La grogne sociale persiste
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L’émeute et encore l’émeute. Une année après les émeutes de janvier dernier appelées communément les émeutes «de l’huile et du sucre» qui ont ébranlé plusieurs wilayas du pays, la contestation ne faiblit pas.

Le malaise semble plus profond et le quotidien des Algériens est pire qu’il y a un an. Le gouvernement ne semble pas avoir tiré les leçons des émeutes du 5 janvier 2011. Le remède transcrit jusque-là pour apaiser la contestation sociale semble sans aucun effet. La gronde sociale persiste ces derniers jours, qui, hasard du calendrier, coïncide avec les préparatifs pour les prochaines élections législatives prévues pour le mois de mai. Message fort de ce regain de protestations, les préoccupations du peuple sont ailleurs. La population, en plein désarroi, continue à fermer routes et sièges d’APC. Logement, l’eau, cherté de la vie, chômage, problème de transport, la liste des revendications des Algériens est très longue. A Bouira, à Aïn Turk plus précisément, les habitants qui ont fermé hier la RN 05 protestent pour réclamer l’amélioration de leur cadre de vie. Parmi les revendications énumérées l’on cite, entre autres, l’achèvement du projet du réseau d’assainissement, le revêtement de l’unique voie d’accès reliant leur commune à la RN 05. La route en question est devenue impraticable à la circulation automobile. Les transporteurs de voyageurs de la même wilaya sont passés à une autre étape de protestation. Après deux rassemblements infructueux, ils ont procédé, dans la matinée d’hier, à la fermeture de plusieurs axes routiers. Le mouvement de protestation a été enclenché suite à la décision de la direction des transports de transférer toutes les lignes de transport intercommunal vers la nouvelle gare routière. Ainsi, des dizaines d’habitants du village Laâzib Ouhdad, dans la localité de Ouaguenoun (20 km au nord de Tizi Ouzou), ont fermé hier le chemin de wilaya n° 37 pour protester contre la hausse des tarifs dans les transports. Une action de contestation qui a perturbé le trafic routier. Le chômage fait également sortir les jeunes dans la rue. À Skikda, Laghouat et Ouargla, de jeunes chômeurs sont sortis pour réclamer de l’emploi. Les protestataires ont manifesté devant les sièges de l’Agence nationale de l’emploi (Anem), qu’ils accusent «de népotisme et de mépris». La ville de Laghouat a également été quasiment paralysée ce dimanche par une grève générale à laquelle ont participé les travailleurs de tous les secteurs en solidarité avec les demandeurs de logements sociaux. Cette wilaya est en effervescence depuis l’affichage, le 2 janvier dernier, d’une liste de bénéficiaires de logements sociaux contestée par une partie des demandeurs de logements. Dans la wilaya de Béjaïa, plusieurs routes ont été fermées par des citoyens qui réclamaient l’eau, le logement, l’amélioration de leur cadre de vie. Même constat dans la wilaya de Boumerdès où les habitants sont sortis dans la rue pour réclamer des appartements. Plusieurs travailleurs du pré-emploi se sont rassemblés avant-hier devant le ministère de la Solidarité nationale pour dénoncer la précarité de leur situation professionnelle. Le secteur de l’Education n’a pas échappé à cette montée au créneau du mouvement de protestation. Les corps communs de ce secteur ne décolèrent pas et comptent revenir à la charge dans les prochains jours. La Santé est également affectée par la grève des hospitalo-universitaire. Ces mouvements de protestation témoignent de l’incapacité des pouvoirs publics à gérer les conflits sociaux qui subsistent. Le gouvernement semble ne pas avoir diagnostiqué le mal pour pouvoir prescrire le remède nécessaire. Pour preuve, la commission d’enquête de l’APN sur les émeutes de janvier 2011 n’a pas révélé grand-chose, se contentant d’affirmer que «l’huile et le sucre» sont derrière l’embrasement du pays. Chose qu’ils ne peuvent pas rééditer pour les émeutes de cette fois-ci.

Salim Naït Mouloud