Le marché informel dans les rues, une image révolue
Alors que les services de sécurité ont lancé des opérations d’éradication des marchés informels à travers le pays, la wilaya de Tizi Ouzou est pionnière avec des résultats probants.
L’épuration de la ville des commerces sur les trottoirs a été effectuée, il y a de cela plus d’une année. Les différents services de la police, du commerce et tous les acteurs concernés ont travaillé conjointement afin de désamorcer la colère des jeunes vendeurs.
Et, une année après, la réussite est palpable. Bien sûr, des actions de colère ont été signalées. Mais, la situation qui prévalait était nouvelle. Alors que tous les commerçants informels continuaient à activer dans tout le pays, seuls ceux de Tizi Ouzou sont concernés par les opérations d’éradication.
En effet, le travail des élus, des services de la wilaya, de la police voire même avec l’implication directe du wali, Abdelkader Bouazghui a réussi à désamorcer la colère. La communication a joué un grand rôle dans cette opération.
Le wali a reçu à plusieurs reprises des délégations des jeunes commerçants informels pour leur expliquer la stratégie qui consistait à les recaser graduellement dans des espaces qui leur seront loués à des prix très attractifs. Parallèlement au travail d’éradication effectué par la police, les services concernés aménageaient des espaces pour accueillir ces jeunes chassés du centre-ville et de la Nouvelle-Ville.
Une année après, des marchés s’ouvrent pour accueillir ces jeunes. La veille du mois sacré, un marché de proximité a été ouvert au niveau de la rue Krim-Belkacem. Plus de 200 jeunes, exerçant auparavant dans l’informel, s’y sont installés. Toujours dans l’optique du recasement de ces jeunes, les travaux sont à pied d’oeuvre pour l’ouverture de 14 marchés à travers plusieurs communes de la wilaya pour accueillir la même catégorie. Parallèlement, les travaux de réfection de l’ancien marché couvert de la ville de Tizi Ouzou sont à leur fin pour abriter quelques 200 autres commerces de jeunes. Une seule fausse note vient perturber ce travail. Les opérations de recasement prévues au niveau de l’ancien Souk El Fellah d’Ihesnaouen sont bloquées à cause de l’opposition de jeunes commerçants informels. Activant en majorité dans le créneau des fruits et légumes, quelque 200 jeunes se croient prioritaires alors que les autorités ont prévu ce site pour accueillir les commerçants informels qui activent sur la route de l’université, devant le stade 1er-Novembre. Faute de consensus, ce projet demeure non réalisé.
Ainsi donc, la wilaya de Tizi Ouzou se trouve pionnière dans cette opération consistant à purifier l’économie nationale de tous ses parasites.
Des jeunes installés affirmaient qu’ils se sentent mieux dans cette situation de régularité. «Je préfère travailler en sécurité sans être constamment chassé par les policiers même si je gagne un peu moins d’argent» affirme Arezki, jeune ex-vendeur de vêtements à la sauvette.
D’un autre côté, les populations expriment aussi leur réjouissance une année après ces opérations. «Enfin, on peut circuler en ville à l’aise. J’ai passé plusieurs années sans venir dans cette ville. Elle est devenue une jungle. Pleine à craquer. Les trottoirs inpraticables. Les gens marchaient sur la route. Les automobiulstes criaient plus fort que la sonnette de leurs véhicules. C’était l’enfer quoi» raconte Ahmed, la cinquantaine. «Alors là, tu ne pouvais même pas marcher en sécurité. Tous les voleurs qui activent sur le territoire national sont venus à Tizi Ouzou. Les gens se faisaient voler en plein public. Les agressions à l’arme blanche. Des bagarres à même le trottoir. Des pickpokets agressaient au vu et au su de tout le monde. Même les quelques policiers ne pouvaient rien faire dans ce climat apocalyptique» se souvient une dame enseignante dans un lycée.
Enfin, il saute au yeux qu’aujourd’hui, après ces opérations, la ville de Tizi-Ouzou reprend petit à petit son visage d’antan. Les citoyens sont unanimes à saluer ces améliorations bien que beaucoup reste à faire surtout en les faisant participer à ces efforts comme les actions de volontariat pour le nettoyage de l’espace urbain.