Une année après la révolte du 25 janvier,Les Egyptiens en quête d’une « démocratie réelle »

Une année après la révolte du 25 janvier,Les Egyptiens en quête d’une « démocratie réelle »

Des milliers d’Egyptiens étaient rassemblés mercredi sur la place Tahrir, au centre du Caire, à l’occasion du premier anniversaire de la révolution du 25 janvier qui a renversé le régime de Hosni Moubarak, affirmant leur détermination d’ancrer une « démocratie réelle » dans le pays.

Les citoyens égyptiens scandaient des slogans affirmant leur détermination de faire aboutir le changement politique et d’ancrer une « démocratie réelle » dans le pays mais après le départ du pouvoir militaire, mettant en exergue leur satisfaction à l’égard de la chute de l’ancien régime « despotique » qui a « confisqué les libertés et bafoué les droits de l’homme ». Le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui détient les rênes du pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, a annoncé à la veille de ces célébrations la fin partielle de la loi très décriée sur l’état d’urgence, en vigueur depuis l’assassinat d’Anouar el-Sadate en octobre 1981. La fin de cette législation, qui permet des restrictions aux libertés publiques et des jugements devant des tribunaux d’exception, est réclamée avec insistance par de nombreux partis, par les mouvements qui ont initié la révolte de l’an dernier. L’organisation Human Rights Watch a estimé que cette levée partielle, entrée en vigueur mercredi, était une « invitation à la poursuite des mauvais traitements » et que le dispositif pouvait encore être utilisé pour « étouffer les libertés ». Les militants et les dirigeants du mouvement des Frères musulmans, qui dominent le nouveau Parlement, étaient présents pour célébrer le premier anniversaire d’une révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak. Mais plusieurs autres groupes, dont des mouvements pro-démocratie qui étaient les moteurs de la révolte, ont affirmé être là pour poursuivre leur révolution « inachevée » et demander le départ du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l’Egypte depuis la démission de M. Moubarak. A la place Tahrir, des « comités populaires » ont été installés pour fouiller les gens qui s’y rendaient. Une fanfare militaire installée en bordure de la place jouait des hymnes patriotiques, tandis qu’un peu plus loin, des manifestants scandaient « A bas le pouvoir militaire ». « La situation actuelle en Egypte est extrêmement difficile et nécessite une vision et un travail nouveaux et différents », ont indiqué des manifestants à des médias.En outre, des partis et des forces politiques, dont la coalition de jeunes de la révolution, ont demandé le départ du pouvoir militaire et ont appelé à un transfert rapide du pouvoir à une autorité civile. D’autres citoyens ont revendiqué la poursuite en justice des responsables de la mort de manifestants pendant les mois de la révolution du 25 janvier. Les forces de sécurité égyptiennes ont indiqué qu’elles se tenaient en état d’alerte en cas de « tentative de sabotage » de la célébration, alors que le ministère de l’Intérieur a affirmé qu’il n’y aurait aucune présence policière sur le lieu du rassemblement. Le ministère a toutefois indiqué que les forces de l’ordre se concentreraient sur la protection des bâtiments publics.



Mardi, l’organisation Amnesty International a appelé le pouvoir militaire à protéger les manifestants et confirmer leur droit à manifester pacifiquement. La nouvelle Assemblée du peuple égyptien, issue des premières élections après la chute de Moubarak, a entamé lundi dernier sa première session. L’élection des députés, qui s’est déroulée par phases sur environ deux mois, est considérée comme un premier jalon vers la démocratie promise. Le pays est dirigé par un Haut conseil militaire en attendant une élection présidentielle prévue avant la fin juin. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu du mouvement des Frères musulmans, a avec de petites formations alliées, 235 députés, soit 47% des sièges. Le Parti de la liberté et la justice a nommé son secrétaire général, Mohamed Saad el-Katatni, au poste de président de l’Assemblée du peuple nouvellement élue.

L’armée au pouvoir en Egypte a transféré les pouvoirs législatifs qu’elle détenait à la nouvelle chambre basse du Parlement. La date symbolique du 25 janvier, autrefois « Jour de la police », est devenue « Journée de la révolution » et a été décrétée jour férié, en souvenir des manifestations qui ont mené à la chute du président Moubarak le 11 février. Hosni Moubarak, 83 ans, actuellement en détention dans un hôpital militaire, est jugé pour la mort de manifestants durant la révolte, qui a fait officiellement près de 850 morts. Il risque la peine capitale s’il est reconnu coupable.