L’agence Reuters a rapporté que le secrétaire d’État chargé du commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, vient de demander à l’agence Business France, organisme qui assure la promotion de groupes français sur les marchés mondiaux, d’organiser dans les plus brefs délais une visite d’exportateurs français en Algérie dans le but de faire changer d’avis les responsables algériens de recourir au marché russe pour s’approvisionner en blé.
Il est désormais clair que la volonté des russes de se placer sur le marché algérien avec une meilleure offre en qualité et en prix, inquiète les plus hautes autorités de la France qui craignent un sérieux revers à leurs revenus à l’exportation par la fonte de leur cagnotte tirée annuellement des ventes vers l’Algérie.
Une inquiétude tout à fait compréhensible puisque jusque-là, l’Algérie est le principal marché d’accueil du blé français en dehors de la zone euro avec la moitié des épis vendus vers le reste du monde. En tout cas, sauf changement intempestif, l’Algérie demeure résignée à faire jouer la concurrence pour tirer un meilleur parti et par delà mettre fin au monopole français dans certaines filières. D’ailleurs, des sources diverses ont indiqué qu’un contrat serait signé dès que tous les certificats de conformité délivrés.
La décision algérienne de s’approvisionner en blé russe est, a-t-on expliqué basée sur les résultats de l’inspection du lot de blé d’essai qui sera envoyé à l’Algérie très bientôt. Dans ce contexte, Mohamed Belabdi, le directeur de l’Office interprofessionnel des céréales (OAIC), a sous entendu la détermination d’aller voir ailleurs en confirmant l’intérêt de l’Algérie pour l’achat de blé russe. à cet effet, une délégation officielle de l’OAIC s’est déplacée à Moscou pour constater de visu la qualité du blé russe et sa conformité avec les cahiers des charges.
La démarche algérienne semble ainsi intriguer outre mesure la France qui y voit une vraie menace sur sa suprématie commerciale sur le marché algérien. Jean Philipe Levy, le directeur de l’institut technique des céréales, a fait part des craintes de son pays qui risque de perdre sa part dans le marché algérien des céréales, sachant que les français font face à une rude concurrence de certains pays de l’Europe de l’est, à l’instar de l’Ukraine et le Kazakhstan.
Dans cette ambiance de panique générale, des médias français ont cité ainsi une étude «fondée sur les résultats de l’examen d’un lot d’essai de blé qui sera prochainement envoyé en Algérie», présageant le début de la fin d’un monopole historique sur le marché algérien du blé où le pays de l’hexagone exporte chaque année, environs 4 millions de tonnes. Ces mêmes médias ont appelé à ne pas rester les bras de marbre face à la volonté de l’Algérie de diversifier ses fournisseurs au détriment des agriculteurs français.
Zacharie S. Loutari