Le changement politique en Algérie, une revendication portée haut et fort par la classe politique au lendemain du vent de révoltes qui a secoué le monde arabe, peine encore à se dessiner.
Et pour cause, plusieurs divergences sur la démarche et le calendrier définis par le président de la République pour mettre en exécution ce grand «chantier politique» apparaissent après une semaine du début des consultations sur les réformes politiques pilotées par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah.
L’un des points sur lequel la classe politique est divisée porte sur les priorités et l’agenda mis en place pour réaliser le changement projeté. Dans ce sens, plusieurs formations politiques ont exigé de ne pas soumettre les projets de loi des réformes à l’actuelle Assemblée populaire nationale.
C’est le cas notamment du Parti des travailleurs (PT) et le général major à la retraite, Khaled Nezzar. Le Parti des Travailleurs (PT) considère que l’actuelle Assemblée n’est pas qualifiée pour légiférer. Il a formulé des «réserves» liées au fait que les projets de loi seraient soumis à une Assemblée issue d’une élection «douteuse».
Mme Hanoune soutient que la Constitution représente un socle et que cette entreprise ne peut être confiée à l’actuelle APN. La secrétaire générale du PT n’a jamais caché son opinion sur l’actuelle Assemblée. C’est dans cette logique qu’elle appelle encore une fois à sa dissolution et à la tenue d’élections anticipées.
L’homme le plus fort du pouvoir durant les années 90, le général major Khaled Nezzar, partage le même avis que Louisa Hanoune. Il a préconisé au président de la République de légiférer par ordonnance jusqu’à l’élection de la prochaine Assemblée en 2012. Khaled Nezzar a réclamé également dans «sa feuille de route» la limitation des mandats présidentiels. Une revendication soutenue également par Aboudjerra Soltani.
A la lecture des différentes suggestions des partis politiques, le système parlementaire est fortement réclamé. Le Mouvement pour la société et paix (MSP) et le Parti des travailleurs sont parmi les adeptes du système parlementaire. Le FLN, même s’il n’a pas encore exposé sa vision du changement, s’est exprimé à maintes reprises en faveur d’un régime semi-présidentiel.
Agrément de nouveaux partis politiques, l’ouverture du champ audiovisuel, le rôle de la femme, sont autant de propositions de réformes exprimées par la classe politique. A voir ces divergences et le nombre de suggestions formulées, il est difficile pour le pouvoir de trouver un large consensus autour des réformes à engager. Le boycott de certains partis politiques, à l’image du RCD, FFS, Laddh et AHD 54, n’est pas pour arranger les choses.
Le régime qui souhaite réunir tout le monde autour d’une table, hormis les ex-dirigeants du FIS, a du mal encore à convaincre l’opposition à accepter sa démarche. La réussite des réformes dépendra certainement de la capacité du pouvoir à satisfaire toutes les sensibilités politiques qui existent dans le pays.
H. L.