A l’initiative de l’association Machaâl Chahid en coordination avec El Moudjahid, a eu lieu hier au Centre de Presse de notre publication, une rencontre du souvenir commémorant la disparition du moudjahed, Saâd Dahleb qui fut durant la Révolution armée, un militant engagé et dans le cadre de cet engagement consentant d’énormes sacrifices.
Un homme de dialogue
L’ensemble des intervenants ont relaté le parcours du regretté Saâd Dahleb, dans le mouvement nationaliste, sa proximité en ce temps avec Messali Hadj qui n’excluait pas un dialogue franc entre les deux personnalités. Saâd Dahleb n’hésitait pas alors à user de franchise à l’égard de l’interlocuteur chaque fois que cela était nécessaire.
Une vision politique qui permettait d’anticiper les événements
Les interventions et témoignages, hier au Centre de Presse d’El Moudjahid ont tous décrit, Saâd Dahleb comme homme politique moudjahed, doté d’une exceptionnelle personnalité, d’une vision politique lui permettant d’anticiper les événements. Ayant exercé dans les hautes sphères du mouvement de libération nationale, Saâd Dahleb a pu peser sur beaucoup de décisions qui étaient prises allant dans le sens de la poursuite du combat pour l’indépendance en épargnant au peuple algérien beaucoup de souffrances Saâd Dahleb était un pragmatique qui a pu très tôt prendre la mesure de l’action criminelle de l’administration coloniale française et lui opposer à force de mobilisation populaire et de mise en place des éléments de la lutte, une opposition sans partage jusqu’à l’indépendance nationale.
L’efficacité de la diplomatie algérienne
M. Amar R’khila, chercheur avait en préambule, retracé l’itinéraire de la diplomatie algérienne durant la Révolution, l’empreinte sur celle-ci de Saâd Dahleb.
La question algérienne à l’ONU et le débat qui s’est instauré là-dessus a montré combien l’action diplomatique algérienne était d’une redoutable efficacité. Elle était également sans concessions dans ses revendications qui ont trouvé un écho dans la recommandation onusienne faisant état du droit de l’Algérie à l’autodétermination, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale. La contribution de Saâd Dahleb dans le cadre des négociations avec le gouvernement français pour l’octroi de l’indépendance a été soulignée. Elle a été d’une grande efficacité et pleine de réalisme ont noté les intervenants.
Un parcours politique qui invite à la recherche universitaire
Pour M. Amar Belkhodja, universitaire et chercheur, Sâad Dahleb a été une très forte personnalité.
Son parcours politique et militant nécessite aux yeux de l’intervenant, une recherche universitaire afin que celle-ci soit portée à la connaissance de notre jeunesse pour que le souvenir de ceux qui ont porté haut le sacrifice en faveur de la libération du pays, reste vivace.
M. Amar Belkhodja eut à relever les destins croisés de ceux qui furent de grands dirigeants de la Révolution qui avaient fait le lycée de Blida et parmi eux, Sâad Dahleb, Ben Khedda, Abane Ramdane, M’hamed Yazid où commencèrent à germer les idées de remise en cours de l’ordre colonial .
Saâd Dahleb a été présenté par ses pairs dans le cadre du mouvement de libération nationale comme un combattant infatigable, présent à toutes les réunions et dont les avis comptaient énormément. M. Sid-Ali Abdelhamid qui a bien connu le regretté Saâd Dahleb, eut à insister dans sa courte intervention sur les qualités d’engagement et de sacrifice du moudjahed Saâd Dahleb. M. Mehri dans son allocution, eut à rappeler lui aussi les relations exceptionnelles de Saâd Dahleb avec Messali Hadj confirmant qu’en dépit de leur proximité, leurs relations étaient empreintes parfois de franchise et sans concession. Pour M. Abdelhamid Mehri, Saâd Dahleb a joué un rôle non négligeable dans le déroulement de la révolution armée prônant le dialogue et la concertation agissante pour rapprocher les points de vue des uns et des autres lorsque les circonstances l’exigeaient.
Un rôle de premier plan dans les négociations
L’orateur a également mis en exergue le rôle de Saâd Dahleb lors des négociations d’Evian et loué sa perspicacité.
Alors que la lutte pour l’indépendance se poursuivait dans la difficulté, faisant face aux agissements du gouvernement français colonial pour venir à bout de la révolution, c’est autour de femmes, d’hommes engagés, que le combat a pu se poursuivre jusqu’à la victoire finale. Patron de la diplomatie dans le cadre du deuxième gouvernement formé par le GPRA.
Habilité politique et sens de la répartie
Saâd Dahleb a montré toute son habilité politique et son sens de la répartie pour élargir la sphère de sympathie envers la Révolution algérienne dans le monde et la justesse du combat qui était mené. Saâd Dahleb a été parmi les plus valeureux négociateurs et très prompt à dénouer les crises lorsqu’elles survenaient dans le cadre des institutions de la Révolution dont M. Abdelhamid Mehri témoigne qu’à l’intérieur de celles-ci, il y avait d’importants débats, parfois des divergences, mais toujours d’âpres négociations pour rapprocher les points de vue et sortir en rang unifié. Il a été rappelé le grave différend qui a existé entre le GPRA et l’état-major, de l’ALN, ce dernier ayant manifesté son opposition aux négociations et aux accords d’Evian qui avaient été signés. M Abdelhamid Mehri a regretté que des fortes personnalités du mouvement national aient été éloignées de la scène politique au lendemain de l’indépendance.
La date fondatrice de l’Etat algérien
L’orateur a également évoqué une nouvelle fois une question qui lui tient à cœur, celle de la date de l’établissement de l’Etat algérien, 19 septembre 1958, signature des accords d’Evian. 19 mars 1962, les avis divergent encore. Pour l’orateur, la véritable date qui fonde l’Etat algérien est celle du 19 septembre 1958 date de la naissance du GPRA.
Une forte personnalité qui lui a permis de tenir tête à l’administration coloniale
M. Djelloul Malaïka, a dans son témoignage, évoqué Saâd Dahleb comme homme d’un grand engagement et doté d’une très forte personnalité qui lui a permis dans des moments très difficiles vécus par le mouvement nationaliste notamment de tenir tête à l’administration coloniale. Le témoignage de M. Zoheir Ihadadène est celle dans le même sens, relevant lui aussi, cette marque du destin qui a fait rencontrer dans le même lieu et durant leur adolescence, ce qui devinrent d’illustres dirigeants de la Révolution qui étudiaient alors dans le même établissement scolaire à Blida.
Des dirigeants politiques d’une grande noblesse d’âme
M. Farhi, ancien journaliste eut à témoigner de la grande noblesse d’âme d’anciens dirigeants de la Révolution qu’il a pu côtoyer dans le cadre de ses activités professionnelles et parmi eux, Saâd Dahleb. M. Layachi Yaker a évoqué la contribution de Saâd Dahleb à la lutte de Libération nationale et a rendu hommage avec beaucoup d’émotion dans la voix, à son sens de la diplomatie qui a marqué son parcours à la tête du ministère des Affaires étrangères dans le deuxième gouvernement du GPRA. Rencontre du souvenir qui a vu d’anciens compagnons du défunt venir témoigner de la grandeur d’âme d’un grand combattant et d’un diplomate avisé en présence aussi de moudjahidine, de représentants de la société civile et de la famille du défunt.