Quarante-deux accusés, dont 4 cadres exerçant au niveau des cimenteries, ont été placés en détention provisoire, deux cadres de banque ainsi que 27 entrepreneurs et commerçants.
Les derniers éléments de l’enquête sur un vaste trafic de ciment dans cinq wilayas de l’Est du pays ont été révélés hier, lors d’une conférence de presse tenue au niveau du commandement de la gendarmerie nationale de la Ve Région militaire, à Constantine.
Les chiffres effarants donnés par le lieutenant-colonel Ben Naâmane Mohamed Tahar, chargé de communication au niveau de la Ve Région militaire, ainsi que le colonel Keroud, renseignent, en effet, sur l’étendue du trafic aux ramifications régionales et impliquant de hauts cadres de différentes cimenteries et institutions bancaires.
Le préjudice porté au Trésor public, dans cette affaire, est estimé à plus de 228 milliards de centimes. Le secteur de l’habitat, quant à lui, a été sérieusement touché par ce trafic, où plusieurs projets de construction ont été, ou arrêtés, ou carrément annulés.
Ainsi, après 6 mois d’investigations menées par les brigades de la Gendarmerie nationale dans cinq wilayas de l’Est à savoir, Batna, Tébessa, Sétif, Skikda et Constantine, 258 personnes, dont des hauts cadres des cimenteries de Aïn Touta, El-Ma Labiod, H’djar Soud, Aïn Kebira et Hamma Bouziane, ont été arrêtées.
Elles sont accusées d’association de malfaiteurs, falsification de documents officiels, non-dénonciation de crime, fausses déclarations, faux et usage de faux, escroquerie, usurpation d’identité, défaut de registre de commerce, fraude fiscale et spéculation illégale sur le ciment.
Présentés devant la justice, 42 accusés ont été placés en détention provisoire dont 4 cadres qui exercent au niveau des cimenteries sus-citées, deux cadres de banque ainsi que 27 entrepreneurs et commerçants.
Par ailleurs, 88 autres prévenus impliqués dans cette affaire, ont été placés sous contrôle judiciaire, et 93 autres ont bénéficié de la liberté provisoire. 35 autres mis en cause sont, en outre, toujours en fuite.
Durant l’enquête, les éléments de la Gendarmerie nationale ont découvert que 265 483, 58 tonnes de ciment ont été détournées sur le marché parallèle, durant ces trois dernières années, soit l’équivalent de plus de 169 milliards de centimes, si l’on prend uniquement en considération le prix officiel qui est de 320 dinars, le sac de 50 kilos. Or, la quantité détournée a été cédée sur le marché informel à raison de 750 dinars le sac, avec une marge bénéficiaire qui atteint plus de 228 milliards de centimes.
Notons que la spéculation du ciment est à l’origine de l’augmentation du prix du sac de 50 kg, qui est passé à 800 dinars, soit le double du prix pratiqué par l’État qui est de 320 dinars, selon le décret exécutif 09/243. Une situation qui a porté un sérieux coup à l’économie nationale, surtout dans le secteur de l’habitat.
“Avec ce ciment détourné sur le marché noir, l’État aurait pu construire 8 850 logements sociaux de type F3, si l’on considère que chaque logement a besoin de 30 tonnes de ciment”, a précisé le colonel Benaâmane. Tout en ajoutant que ce phénomène a pris de l’ampleur depuis la disposition de 2007, qui exclut les revendeurs de ciment du circuit de la distribution, et qui stipule que toute la production doit être réservée aux projets publics.