Après des décennies d’études, le vieux projet reliant l’Afrique à l’Europe par voie souterraine semble plus proche que jamais.
L’entreprise allemande Herrenknecht vient de confirmer la faisabilité technique du tunnel ferroviaire entre le Maroc et l’Espagne.
Une avancée décisive pour ce chantier titanesque dont la mise en œuvre promet de transformer durablement les échanges entre les deux continents.
Le tunnel Maroc – Espagne est faisable : il nécessite une décennie et 8,5 milliards d’euros
L’étude menée par l’entreprise allemande Herrenknecht a évalué la faisabilité du tunnel ferroviaire sous le seuil de Camarinal, une zone réputée pour ses conditions géologiques extrêmes.
Selon le média espagnol Vozpópuli, le rapport a été remis au gouvernement espagnol dès le mois de juin. Madrid prévoit désormais de lancer un appel d’offres d’ici juin 2026, date limite pour l’actualisation de l’avant-projet datant de 2007.
🟢 À LIRE AUSSI : Investissements : l’Algérie grimpe dans le TOP 10 africain des économies les plus attractives
Le document confirme que le tunnel sous le détroit peut être construit dans les limites des technologies actuelles. Tout en soulignant « la complexité et les énormes défis logistiques et économiques » d’une telle entreprise.
Les ingénieurs estiment que le coût global dépassera 8,5 milliards d’euros. Incluant la galerie de reconnaissance, les tunnels définitifs, les terminaux et les imprévus.
Un projet colossal entre faisabilité technique et ambitions politiques
La Société espagnole d’études du détroit de Gibraltar (SECEGSA) et son homologue marocaine, la SNED, ont récemment envoyé une délégation en Norvège pour observer le projet Rogfast, le plus long et le plus profond tunnel au monde actuellement en construction.
Ce déplacement a permis de s’inspirer des techniques utilisées pour les ouvrages sous-marins de grande profondeur, jugées proches de celles nécessaires pour le futur tunnel Maroc – Espagne.
🟢 À LIRE AUSSI : Marché automobile en Algérie : la vague chinoise fait chuter les prix
Le projet prévoit un double tube ferroviaire de 65 kilomètres. Qui pourrait relier les deux rives du détroit en six à neuf ans.
Les premières avancées concrètes sont attendues à l’horizon 2030, année symbolique puisque le Maroc, l’Espagne et le Portugal coorganiseront la Coupe du monde de football.
Cependant, selon des sources proches du dossier, l’achèvement complet ne devrait intervenir qu’entre 2035 et 2040. Compte tenu de la complexité technique et du financement à mobiliser.
Le gouvernement espagnol relance le dossier du tunnel ferroviaire entre l’Afrique et l’Europe
L’idée d’un passage sous le détroit de Gibraltar ne date pas d’hier. Dès le XIXᵉ siècle, elle figurait déjà parmi les grandes ambitions d’ingénierie reliant les deux continents. Mais ce n’est qu’en 1979 que le Maroc et l’Espagne ont signé un premier accord officiel. Donnant naissance à plus d’une cinquantaine de commissions mixtes au fil des décennies.
Le projet est resté longtemps en sommeil avant d’être relancé en 2021 par le gouvernement de Pedro Sánchez. Profitant d’un contexte diplomatique plus favorable avec Rabat. Cette relance intervient dans la foulée du soutien espagnol à la position marocaine sur le Sahara.
🟢 À LIRE AUSSI : Attaf dévoile comment le Maroc a tenté de « manipuler » la résolution de l’ONU sur le Sahara Occidental
Au-delà de la prouesse technique, ce projet de tunnel Maroc – Espagne revêt une dimension politique et stratégique majeure. Il renforcerait les liaisons ferroviaires, mais aussi les réseaux électriques et de fibre optique, ouvrant la voie à un nouveau modèle d’échanges entre l’Europe et l’Afrique. S’il se concrétise, il pourrait devenir le lien souterrain le plus ambitieux jamais réalisé entre deux continents, marquant une nouvelle ère pour la coopération euro-africaine.
