Face à une surproduction record de pommes de terre, les agriculteurs algériens redoutent désormais des pertes considérables. Les chambres froides débordent, les prix menacent de s’effondrer, et l’appel à l’action devient urgent.
Ce lundi, le député Zakaria Belkhir a saisi le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations pour réclamer l’ouverture immédiate des exportations de ce tubercule devenu… un fardeau pour les producteurs.
Un surplus inédit de production met les agriculteurs sous pression
Dans une lettre qualifiée d’« urgente », le député Zakaria Belkhir, élu d’Aflou et membre du mouvement HMS, alerte sur la situation critique du marché de la pomme de terre. Selon lui, « les marchés agricoles connaissent un excédent important de production », un phénomène qui menace directement la rentabilité des exploitants et des investisseurs du secteur.
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La wilaya déléguée d’Aflou en est l’un des exemples les plus frappants. Cette saison, plus de 6.000 hectares ont été consacrés à la culture de la pomme de terre, avec un rendement moyen de 500 quintaux à l’hectare. Un niveau de production largement supérieur aux besoins locaux. D’autres régions, notamment El Menia, Ouargla et Ouedsouf, s’apprêtent à livrer d’importants volumes supplémentaires, accentuant la pression sur le réseau national de commercialisation et de stockage.
Les données officielles montrent que le stock national en chambres froides a déjà franchi les 132.000 tonnes, un seuil jugé critique par les professionnels. Dans ces conditions, l’absence d’un mécanisme rapide d’exportation risque d’entraîner des pertes massives et un effondrement des prix au détriment des producteurs.
Ouvrir les frontières pour sauver la filière de la pomme de terre
Pour Zakaria Belkhir, la solution est claire, permettre sans délai l’exportation de la pomme de terre algérienne. Selon le parlementaire, une telle mesure « permettrait d’absorber le surplus de production, d’éviter le gaspillage et de stabiliser les prix sur le marché national ».
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Au-delà de l’enjeu immédiat, l’ouverture à l’exportation constituerait, selon lui, un levier stratégique pour :
- Garantir la continuité de l’activité agricole dans un contexte de coûts élevés ;
- Soutenir les producteurs face aux charges d’exploitation ;
- Diversifier les exportations nationales, conformément aux orientations du président de la République ;
- Valoriser le produit agricole algérien sur les marchés internationaux.
Cette démarche s’inscrit dans une vision plus large, celle d’une économie agricole capable de générer des devises tout en assurant la stabilité des revenus ruraux.
Des récoltes abondantes, mais invendues : un enjeu économique et social
L’appel du député trouve un écho dans les zones de production, où les producteurs expriment leur inquiétude face à un scénario déjà vécu. Des récoltes abondantes, mais invendues, conduisant parfois à la destruction de tonnes de pommes de terre faute de débouchés.
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Sans mesures rapides, le pays risque de voir s’éroder la confiance des agriculteurs, déjà confrontés à la hausse des coûts de production et au manque d’infrastructures logistiques. L’ouverture des exportations apparaît alors non seulement comme une opportunité économique, mais aussi comme une urgence sociale pour préserver la dynamique agricole du pays.
L’Algérie, qui s’efforce de renforcer sa souveraineté alimentaire, se trouve paradoxalement face à un défi d’abondance. Transformer ce surplus en atout dépendra de la réactivité des pouvoirs publics.
