Mahdi Boukhalfa

Vendredi, des Algériens, comme un seul homme, ont fait une démonstration de la force d’un peuple qui peut faire bouger des montagnes quand il veut. Il a, à sa manière et d’une façon brutale, dit »non » à une alternative politique qui lui est imposée par un système politique qui a atteint ses limites. La »grinta » des Algériens n’était pas expressément dirigée contre le chef de l’Etat en tant que personne, mais contre le 5ème mandat, une perspective politique rejetée en bloc par les Algériens. Le mystérieux appel à manifester a donc fait mouche et les Algériens ont retrouvé les chemins pour aller battre, eux aussi, le pavé pour s’exprimer sur cette présidentielle, pour dire qu’ils ne sont pas d’accord avec la tournure qu’elle est en train de prendre. Sans cautionner un quelconque parti politique, la réaction de la rue algérienne a été claire, simple: pas de 5ème mandat.
La rue algérienne a plus que tout montré qu’elle est en avance sur les politiques, comme elle les condamne à plus d’imagination pour baliser l’avenir du pays. Un avenir qui ne saurait être restreint ou limité aux résultats d’une élection présidentielle, mais à l’ouverture de nouvelles perspectives politiques, économiques, sociales qui ont tant tardé. Après, la rue a montré que les Algériens ont atteint un seuil de tolérance qui ne leur permet plus d’accepter des situations politiques de compromission, des perspectives sociales aléatoires sur un avenir inquiétant.
Pour autant, les partis de l’opposition comme ceux de la majorité semblent, au lendemain d’un cri de détresse venu du pays profond, tétanisés par l’ampleur de la contestation populaire. Pour l’opposition comme pour les partis proches du pouvoir, le message de la rue doit être bien écouté, bien compris que dorénavant les Algériens réagiront à chaque fois que leurs intérêts sont bafoués. Le mur de la peur a sauté, la balle est aujourd’hui dans le camp des partis politiques, opposition et majorité, pour trouver des réponses à la demande de la rue : des changements urgents, sans démagogie.