Devant la recrudescence alarmante de cas d’atteinte au domaine forestier dans la wilaya d’Oran, le conservateur des forêts, Abdelkrim Bouziane, installé à Oran depuis 5 mois, dresse un tableau inquiétant de la situation du patrimoine forestier de la capitale de l’Ouest.
Le premier danger qui menace les forêts, selon notre interlocuteur, vient de la voracité des prédateurs de terrains fonciers qui usent de tous les subterfuges pour s’accaparer d’un bout de terrain.
La nouvelle combine, utilisée par certains pseudo-investisseurs est de postuler pour bénéficier d’un terrain forestier pour dresser des ruches pour la production de miel, conformément à une réglementation qui encourage l’investissement dans ce domaine et qui cède des concessions sur des terrains forestiers au bénéfice de particuliers voulant se lancer dans l’apiculture. Toutefois, il s’avère, dans bon nombre de cas, que les ruches ne sont que des façades cachant des intentions allant bien au-delà de l’investissement dans la production de miel. Mais les bénéficiaires convoitent en fait le terrain qui est détourné pour la construction immobilière.
Le conservateur des forêts de la wilaya a estimé que cette pratique était une erreur, car «il est à constater que les postulants pour une activité apicole sont le plus souvent des gens qui n’ont aucun rapport avec ce métier», indique- t-il. M. Bouziane nous a également affirmé l’existence d’une certaine passivité des collectivités locales afin de mettre fin aux atteintes contre le domaine forestier, surtout s’agissant d’habitations illicites pour lesquelles la Conservation des forêts ne peut que dresser des mises en demeure, sauf que les collectivités locales n’agissent pas dans plusieurs cas afin de mener des opérations de démolition. A noter que plus de 90 constructions illicites érigées dans plusieurs communes d’Oran ont été démolies depuis le début de l’année 2014.
C’est ce qu’a fait savoir une source proche de la commission de l’environnement de l’APW d’Oran. Ces constructions ont été démolies à Mers El-Hadjadj, Bir El Djir, Mers El-Kébir, Bousfer, Es-Sénia et El Hassi, entre autres. La majeure partie de ces constructions ont été érigées sur des terres agricoles ou sur des terres dépendant du domaine forestier. Ces mêmes sources signalent que les opérations de démolition se poursuivent toujours et se sont déroulées sans incidents. Elles ajoutent que la campagne de lutte contre les constructions illicites érigées sur le domaine forestier, lancée depuis 2012, a permis l’éradication de 2.620 constructions illicites et la récupération de 240 assiettes de terrain.
A ce titre, près de 600 affaires de détournement du domaine forestier et de construction sur des assiettes relevant du patrimoine forestier ont été enregistrées. Au total, ces mêmes sources affirment que près de 4.000 constructions illicites érigées sur le domaine forestier ont été démolies ces 4 dernières années. Il s’agit de constructions érigées, notamment dans la zone d’El-Hassi, la forêt dite de Coca, à Arzew, Cap Carbon et Haï Zabana, ainsi que sur les abords de la route menant vers la Corniche supérieure. A l’issue des démolitions, les assiettes de terrain ont été récupérées par le service des forêts.
Toutefois, moins d’une année après les démolitions à Coca, des dizaines de familles sont revenues pour ériger de nouvelles baraques. Selon un rapport établi dernièrement par l’une des commissions de l’APW, plus de 150 groupements illicites (bidonvilles) ont été érigés à travers la wilaya d’Oran. La commune d’Oran, à elle seule, compte plus de 30 groupements illicites, soit plus de 8.000 habitations illicites réparties entre les sites de Coca, Ras El Aïn et El Hassi.
Cherif M.