Du côté algérien, aucune information n’était disponible, hier, au sujet de cet attentat terroriste, qui est, le moins que l’on puisse dire, surprenant dans la mesure où le Maroc n’est pas la principale cible d’Aqmi.
Selon un communiqué du ministre de l’Intérieur marocain, un élément des forces auxiliaires a été blessé, jeudi soir, lors d’un accrochage avec quatre terroristes qui se seraient introduits à partir du territoire algérien. L’attentat s’est produit dans la province de Jerada à un kilomètre de la frontière algéro-marocaine. Le communiqué de l’Intérieur marocain donnera les détails de l’attentat. « Quatre individus armés s’étaient introduits du territoire algérien et se sont présentés en tant que moudjahidine algériens, au domicile d’un citoyen marocain du douar Oulad Amer, près de Boubker, dans la province de Jerada, pour s’approvisionner en denrées alimentaires », est-il mentionné. Les gardes-frontières, ayant eu vent de l’intrusion des terroristes, ont essayé de les intercepter, d’où l’accrochage durant lequel a été mortellement blessé un de leurs éléments. Les quatre éléments armés se sont repliés en territoire algérien après l’échange de coups de feu. Du côté algérien, aucune information n’était disponible, hier, au sujet de cet attentat terroriste, qui est, le moins que l’on puisse dire, surprenant dans la mesure où le Maroc, hormis les rares actes, faits de terroristes locaux, n’est pas la principale cible d’Aqmi qui concentre ses efforts sur le Sahel et l’Algérie, et plus récemment, la Libye, depuis l’insurrection qui a redonné un souffle aux groupes terroristes qui écument la bande sahélo-sahélienne et le GSPC. Aussi surprenante est aussi cette insistance du ministre marocain sur la provenance, la nationalité des intrus et qui intervient au lendemain de l’échec du énième round de négociations entre le royaume chérifien et le Front Polisario. Le raccourci est tout indiqué, insinué, dans le communiqué ministériel.
L’Algérie a toujours constitué ce bouc-émissaire, cet ennemi inespéré chaque fois qu’une crise pointe dans le royaume. Cette fois, le palais a bien des raisons de pointer du doigt l’Algérie dans une sorte de réflexe rancunier alors que toute la région s’inscrit dans une démarche de coopération dans la lutte contre ce phénomène, avec l’échec du round des négociations et le rejet qui ne s’est encore pas estompé du référendum sur l’amendement constitutionnel considéré par le mouvement de février en deçà des attentes démocratiques.
Par ailleurs, se pose la question sur la perméabilité sélective de la frontière fermée depuis 1994. En effet, les gardes-frontières marocains, permissifs devant les contrebandiers dont ils gèrent d’une certaine manière l’activité, n’hésitent pas à arrêter leurs homologues algériens qui se sont introduits accidentellement au Maroc en poursuivant des trafiquants. Comment, alors, un corps aussi vigilant que les gardes-frontières, communément appelés par les contrebandiers “m’khéznia”, a-t-il laissé s’introduire des terroristes, vêtus de tenues afghanes de surcroît ? Il est, également, l’hypothèse d’un message pour le palais dont la politique exclut les radicaux tout en s’appuyant sur les islamistes modérés avec, cette fois, de petites concessions pour les démocrates. Il est, toutefois, une constante : les groupes terroristes ne se détourneront jamais de leur objectif qui est de semer la terreur et le désordre, démarche qui ouvre souvent la voie aux interventions étrangères. La lecture marocaine du phénomène semble autre et ne peut s’éloigner de sa connotation politique.