Il était l’homme le plus recherché au monde
Trois balles auront suffi à mettre hors d’état de nuire celui qui était alors l’homme le plus recherché de la Terre.
Le soldat qui a tué Ben Laden raconte, sous couvert de l’anonymat, les derniers instants qui l’ont mis face à Ben Laden.
Cet élément des forces spéciales américaines, livre dans un entretien accordé au magazine Esquire, l’opération commando menée contre le chef d’Al Qaîda à Abbottabad, au Pakistan, dans la nuit du 1er au 2 mai 2011. A en croire ce Navy Seals, l’élimination du chef invétéré de l’internationale terroriste s’était déroulée «comme à l’entraînement».

Une fois dans le repaire de Ben Laden, tout va très vite: «C’était comme un instantané d’une cible d’entraînement. C’est lui, sans aucun doute. (…) C’est automatique, la mémoire musculaire. C’est lui, boum, c’est fait», narre-t-il sur un ton sobre.
Il est le premier à accéder à la pièce du troisième étage de la résidence du chef d’Al Qaîda. Ce dernier est dans le noir total, ne voit rien, tandis que lui est équipé de lunettes de vision nocturne. «Il y avait Ben Laden là, debout. Il avait ses mains sur les épaules d’une femme, la poussant devant, pas exactement vers moi, mais dans la direction du vacarme du couloir. C’était sa plus jeune femme, Amal.» Il tire deux balles, puis une autre, dans la tête de l’homme traqué.
L’action a duré une quinzaine de secondes depuis son arrivée au troisième étage de la résidence qui servait de gîte à Oussama. «Il était mort. Il ne bougeait pas. Sa langue pendait. Je l’ai vu prendre ses dernières inspirations, juste une respiration réflexe», décrit l’opérateur de la désormais fameuse Team 6 des navy seals. «Tout le monde le voulait mort, mais personne ne voulait dire: hey, vous allez tuer ce mec. C’était juste implicite», poursuit-il. Bien avant cette expédition, le navy s’était entraîné sur des répliques de la résidence de Ben Laden, en Caroline du Nord puis au Nevada avant de s’envoler pour Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan.
Le soir de l’opération, après 90 minutes de vol assis sur des chaises de camping à bord des hélicoptères furtifs, l’opération, «loin d’être la plus dangereuse de sa carrière», se déroule comme des centaines d’autres.
Ce vétéran aux multiples déploiements, a longtemps passé plus de 300 jours par an en mission et tué à lui seul une trentaine d’ «ennemis combattants» selon la terminologie officielle.
Ce vétéran de la guerre contre le terrorisme a depuis, quitté l’armée en été 2012. Il est aujourd’hui père de famille de 35 ans, après 16 ans dans la marine qu’il a rejointe, à 19 ans après qu’une fille lui eut «fendu le coeur».
Cet entretien, dans lequel il n’est pas identifié pour respecter son devoir de réserve et pour préserver sa sécurité, constitue un nouveau témoignage de l’intérieur après la publication d’un ouvrage polémique, No Easy Da écrit sous le pseudonyme de Mark Owen par un autre membre de l’équipe qui a participé au raid.