Parti à Rabat pour tenter de faire entendre raison au roi, Ross a reçu un coup de poignard dans le dos.
La gendarmerie marocaine vient de perdre dangereusement son sang-froid : un jeune adolescent sahraoui, qui tentait dimanche soir d’accéder à un campement près de El Ayoun dans les territoires occupés, a été froidement abattu. Et dans cette «descente» punitive des bras armés de sa majesté dans ces campements dressés pacifiquement depuis quelques jours en guise de protestation contre leurs conditions, cinq autres Sahraouis ont été blessés.
Garhi Najem Ould Feydel Souidi, âgé de tout juste de 14 ans, vient donc de perdre la vie bêtement à cause des gendarmes marocains qui ont décidément la gâchette facile. Ses cinq autres compagnons d’infortune blessés ont été évacués à l’hôpital militaire d’El Ayoun
Ce dérapage était quasi inévitable, en ce sens que les bras armés de sa majesté sont sur le pied de guerre depuis le 19 de ce mois, quand plus de 10 000 Sahraouis, livrés à eux-mêmes, ont décidé de recourir à cette forme de protestation non violente.
Le président de la République sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, avait pourtant et à juste titre attiré l’attention de la communauté interantionale via le HCR et la Haut commissaire au droits de l’homme de l’ONU sur l’imminence d’une «catastrophe» et d’un «dérapage» si ces milliers de Sahraouis venaient à être oubliés dans la rue à El Ayoun occupée. Voilà que le temps lui a, hélas, donné raison, puisque les gendarmes marocains n’ont pas hésité à dégainer contre un môme de 14 ans.
Un balle sur un môme de 14 ans…
Et, comme d’habitude, les autorités marocaines se sont empressées de maquiller les circonstances de ce crime contre un enfant sans défense, ont évoquant une balle qui aurait été tirée du véhicule à bord duquel se trouvaient la victime et ses compagnons.
«Les individus en question étaient à bord de deux voitures. Une balle a été tirée à partir de l’un des véhicules, ce qui a contraint les forces de l’ordre à riposter», a souligné hier un communiqué du ministère marocain de l’Intérieur. «Une personne a été tuée et trois autres blessées lors de cet échange de coups de feu (…)»
Voilà qui «lave» à l’eau bénite les gendarmes du makhzen de ce forfait, puisqu’il s’agit, selon le scénario officiel, d’un «échange». Il faut donc comprendre que les forces de sécurité marocaines ont juste répondu à un feu nourri qui venait des voitures de Sahraouis et que de ce fait, cela devrait s’appeler une légitime défense ! Et pour plier l’affaire, le parquet général près la Cour d’appel d’El Ayoun a ordonné l’ouverture «d’une enquête judiciaire à ce sujet», annonce avec aplomb le communiqué du makhzen.
Mais, au-delà de ce crime commis contre un jeune de 14 ans qu’on ne peut soupçonner d’être un «commandant» du Polisario, il faut relever qu’il a été commis au lendemain du passage de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, pour convaincre sa majesté de rompre ave son entêtement à ne vouloir discuter que de son plan d’autonomie
Le torse de Nadjem puis la tête de Ross
Ce crime est peut-être un message subliminal du Maroc sur l’illusion d’une réanimation des négociations, et plus encore sur l’illusoire attente d’un règlement du conflit par la voie diplomatique.
La situation de ces milliers de Sahraouis livrés depuis une semaine au froid de la rue et depuis des années au diktat de l’administration marocaine qui ne leur offre aucune perspective aussi longtemps qu’ils s’accrocheraient à leur droit à l’autodétermination, traduit clairement la stratégie marocaine.
Alors que Christopher Ross a terminé sa 4e tournée – en rond -, cette escalade de la violence contre les Sahraouis s’apparente à une volonté de court-circuiter la session de pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario sur l’avenir du Sahara occidental prévue sous l’égide des Nations unies début novembre prochain. Le modus operandi ressemble à s’y méprendre à celui d’Israël qui avorte à chaque fois la reprise des négociations de paix soit par des assassinats ciblés, soit par la construction de nouvelles colonies ou par des déclarations intraitables de ses dirigeants. Le principal conseiller du roi, André Azoulay, est d’origine juive. Comme par hasard…
Hassan Moali