Le sous-secrétaire adjoint aux Programmes de non-prolifération nucléaire (NPN) au département d’État américain, Simon Limage, a effectué une visite officielle de deux jours en Algérie, les 10 et 11 février derniers, “sur invitation de l’État algérien”.
Lors de sa tournée, la première du genre, le responsable au bureau de la sécurité internationale et de la NPN s’est entretenu avec les représentants des institutions du pays sur sa mission au sein du département d’État et surtout sur la mobilisation des efforts pour combattre “la contrebande nucléaire”. La veille de son départ, c’est-à-dire avant-hier, M. Limage nous a reçu, en début de soirée, à l’hôtel Hilton, à l’issue de sa dernière rencontre avec une délégation algérienne.
Il semblait satisfait des “discussions fructueuses” qu’il a eues avec la partie algérienne, durant les 2 jours. Le sous-secrétaire adjoint s’est d’ailleurs montré emballé par ce “début de dialogue” entre les deux parties pour renforcer la coopération algéro-américaine. Et ce, d’autant que l’Algérie jouit, selon lui, d’une “importante expérience” dans la lutte contre la prolifération nucléaire. “Nous avons été impressionnés par l’Algérie”, dans ce domaine, a-t-il indiqué, mettant en avant, entre autres, la mise en place d’un centre d’excellence sur la formation et le soutien à la sécurité nucléaire et en insistant sur “le travail en partenariat pour faire face à cette menace”. Par “menace”, notre interlocuteur entendait l’usage des “matériaux nucléaires” et autres “substances radiologiques qui échappent au contrôle réglementaire”. L’invité de l’Algérie a également fait état de la crainte des États-Unis que les terroristes reconquièrent des “armes perdues”, rappelant les dangers, au niveau de la région, relatifs à “la prolifération des armes conventionnelles aux frontières”. Simon Limage a, en outre, souligné l’intérêt porté par son pays aux questions qui se rapportent à la sécurité nucléaire et “la prévention” de la prolifération nucléaire, n’excluant pas qu’“à l’avenir, des pays de la région ou des pays qui ne sont pas de la région seraient intéressées par des puissances nucléaires”. Sans les citer, il a également parlé de pays du Moyen-Orient qui, sur la base “des rapports de l’AIEA”, voudraient détenir “le pouvoir nucléaire”. “Notre travail commun (entre les USA et l’Algérie, ndlr) servira à combattre la contrebande nucléaire”, a-t-il soutenu.
Le représentant du département d’État américain, se référant à des “documents qui le prouvent”, s’est aussi exprimé sur la crainte des États-Unis que les terroristes récupèrent des “armes de destruction massive (ADM)”, en refusant cependant de dévoiler la source de son information. “Les programmes que je supervise sont destinés à des pays intéressés par la coopération ou des pays qui, comme l’Algérie, ont des capacités dans l’expertise humaine”, a déclaré ce dernier, ajoutant que “l’Algérie jouit d’une expérience de leadership en matière de non-prolifération nucléaire, de coopération avec l’AIEA, sans oublier les efforts fournis en la matière par ce pays, au niveau de la région”. Dans le domaine de la sécurité nucléaire, l’Algérie a ratifié tous les instruments internationaux.
À l’échelle nationale, plusieurs lois ont été adoptées portant sur la lutte contre toutes les formes de financement du terrorisme et de trafic illicite des matières chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. D’autres mesures ont été prises pour renforcer la réglementation. Avant-hier, un des membres du Comité intersectoriel sur la sécurité nucléaire, qui venait de rencontrer Simon Limage, nous a confié que “l’Algérie est partante pour ce début de coopération”. Il a signalé que notre pays “est pour une démarche globale”, une démarche qui considère que “la sécurité est indivisible” et qui doit prendre en considération la lutte antiterroriste, le trafic d’armes et celui de la drogue, ainsi que la criminalité. Finalement, M. Limage et ses supérieurs sont-ils prêts à corriger éventuellement leur copie, après connaissance du point de vue algérien ? Le sous-secrétaire adjoint aux Programmes de NPN a laissé entendre que cela n’est pas impossible.
H A