C’est un rendez-vous crucial qui attend le Premier ministre Abdelmalek Sellal dans quelques jours. En effet, le 12 novembre, les 48 walis sont été convoqués à une rencontre importante avec les membres du gouvernement au grand complet.
A l’ordre du jour, plusieurs points en débat ainsi que des recommandations et des instructions fermes. Des dossiers délicats et complexes seront décortiqués, comme le développement local et les infrastructures de base, l’habitat et les opérations de relogement, ainsi que la santé et l’emploi, notamment dans des régions reculées et enclavées.
De même que les walis seront interpellés sur la problématique de l’investissement, les facilitations accordées aux hommes d’affaires, la création de nouvelles zones d’activités ou de pôles industriels ou agroalimentaires, la recherche de nouvelles sources de financement des collectivités locales.
Les défis sont énormes pour les walis, notamment ceux qui gèrent des wilayas peuplées et dépourvues de commodités ou souffrant de déficits dans des secteurs à forte connotation socioéconomique.
Pour Sellal, le nouveau modèle économique national a consacré le principe de la décentralisation et surtout le respect de l’équilibre régional dans l’effort économique et l’investissement public et privé, d’où l’interpellation des walis sur ce point.
Le Premier ministre a insisté à plusieurs reprises sur cette question, notamment lors de ses visites de travail à travers le pays, instruisant les walis à suivre pas à pas les projets ou les programmes de développement.
D’un autre côté, Sellal cherche à mobiliser les représentants de l’Etat dans une perspective de stabilité sociale, quand il les a instruits récemment d’accélérer les opérations de relogement, d’afficher les listes des attributions de logements sociaux et aussi de lots de terrains pour les Hauts Plateaux et le Sud avant la fin de cette année.
Le souci du gouvernement est de calmer les tensions à la veille des élections législatives, alors que la vie quotidienne devient difficile avec la hausse des prix des légumes, des produits de base et des services, suite à l’augmentation des taxes introduites dans la prochaine loi de finances.
Dans la même foulée, cette rencontre servira à clarifier les missions dévolues aux autres commis de l’Etat et dont les statuts et la position dans l’échelle administrative sont vitaux quant à la réussite des programmes nationaux.
Il s’agit de « fouetter » aussi bien les chefs de daïra que les directeurs régionaux (DRAG, DAL, DSP, DLEP, DUCH, DSA, etc), dont le président Bouteflika vient de nommer des dizaines de responsables.
En plus de la lutte contre toutes les formes de bureaucratie locale et les dérives liées à la gestion des communes, Sellal va mettre l’accent avec les walis sur la nécessité de mettre en place une vraie politique de rigueur et d’austérité dans ses différentes actions, afin de protéger les deniers publics et de sauvegarder les ressources nationales en ces temps de crise et de plafonnement des budgets d’équipement et de fonctionnement jusqu’à 2019.
Rappelons que Sellal devrait soulever également, lors de ce rendez-vous, la question délicate des troubles et autres émeutes populaires qui continuent de marquer quotidiennement le pays. Des troubles qui vont des sit-in de protestation de citoyens aux affrontements directs avec les forces de l’ordre.
Sellal n’en finit pas d’instruire les walis sur l’ouverture des canaux de dialogue et l’établissement des liens de communications avec la population, la société civile et les notabilités locales.
Récemment, des rapports accablants émanant des services de sécurité font état de la montée de troubles sociaux et de manifestations de colère, ainsi que de l’émergence de dérives liées à la gestion et à la prise en charge des problèmes des citoyens par les élus locaux et autres responsables des APC, des APW et des daïras.
Le gouvernement est conscient que ce genre de troubles pourrait dégénérer.