Un rendez-vous avec une liste ouverte

Un rendez-vous avec une liste ouverte

Il aura fallu presque deux ans pour que l’opposition se décide enfin à se rencontrer pour la seconde fois. Entre le sommet de juin 2014, tenu presque à la hâte et juste après la présidentielle, et celui d’aujourd’hui, il y a eu de grands changements.

Cette fois, le contexte n’est plus le même, d’abord avec le pays qui est en plein dans une crise des « recettes pétrolières », avec la chute des revenus provenant de l’exportation des hydrocarbures, ensuite avec la révision de la Constitution. Un contexte aggravé par les périls sécuritaires et surtout les menaces d’intervention étrangère sur des pays voisins pour combattre les milices terroristes.

C’est dans cette conjoncture assez particulière que l’opposition, regroupée autour d’une instance de concertation et de suivi, va tenir un second sommet à Zéralda, pratiquement avec les mêmes habits qu’en 2014. Les initiateurs de la rencontre ne savent pas si tous les invités seront présents, mais on espère, en dépit des hésitations de certains ou des critiques des autres, que la majorité des partis politiques de l’opposition et des personnalités politiques sera de la partie.

Ce sommet d’une journée devrait permettre à l’opposition de lancer la « seconde phase » de sa stratégie de revendication politique, en adoptant la nouvelle plate-forme, celle de Mazafran corrigée et améliorée. Un texte qui devrait sans doute appeler les autorités à accepter une feuille de route qui fait la part belle à l’opposition avec deux revendications essentielles : une « transition démocratique et pacifique » et la mise en place d’un autre processus électoral.

Deux préalables qui s’ajoutent à la création d’un organe indépendant chargé de préparer, de superviser et de contrôler tous les scrutins. C’est cette transition, concept politique qui s’oppose à la légitimation des institutions actuelles, qui a créé la fracture et élargi le fossé entre les grandes tendances de la vie politique nationale.

D’ailleurs, c’est ce point nodal qui risque de chambouler le nombre prévu des invités, car certains partis refusent qu’on évoque encore cette transition, estimant que l’analyse sereine exige plutôt un autre diagnostic et un autre remède.

Selon leurs assertions, plusieurs faits majeurs militent pour cette thèse, comme les réaménagements de la Constitution, les nouvelles lois en préparation sur les élections et les associations, la restructuration des appareils de la DRS et la nouvelle configuration de la mouvance présidentielle avec l’émergence des rapports conflictuels entre les grands pôles, le FLN et le RND.

Lors de ce sommet, il est également prévu l’adoption d’une déclaration générale, sorte « d’alerte politique » sur la situation actuelle, notamment la conjoncture difficile que vit le pays dans ses frontières orientales et méridionales, ainsi que les effets naissants et inquiétants de la crise économique et la timide politique d’austérité que le gouvernement tente d’appliquer à travers la loi de finances 2016.

On se rappelle que l’opposition n’a pas cessé de critiquer l’action du gouvernement sur le volet économique, l’accusant de persister dans ses « errements » et sa « cécité » politique. Toutefois, on insiste au sein de l’opposition pour dire que celle ci tend « le bras » et ne renonce point à une « possible médiation » ou « négociation » dans l’intérêt du peuple algérien et de la stabilité du pays.

Pour les initiateurs de ce sommet, il n’est pas exclu que la rencontre de l’opposition débouche sur un accord sur un plan d’action politique avec la mise en place de structures nouvelles. Il est proposé, dans ce cadre, d’améliorer le fonctionnement de l’Instance de concertation et de suivi, de revoir ses mécanismes et d’en créer d’autres réglages pour la rendre efficace et ponctuelle.