Contrôlant pratiquement tout le Nord du Mali, depuis la ville d’Agheloc jusqu’à Tombouctou en passant par Kidal et Gao, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) annonceront dans quelques jours leur indépendance ainsi que la création de leur propre Etat.
L’information a été donnée par le représentant du MNLA en Mauritanie, en l’occurrence Mohamed Agh Ali, lors d’un passage court sur une chaîne satellitaire arabe. Ce dernier a même déclaré qu’un rapport, établi par le MNLA, a été présenté aux pays voisins, dont l’Algérie. Un rapport dans lequel le Mouvement tient à rappeler ses démarches qui consistent en la création d’un nouveau pays frontalier avec l’Algérie, après avoir «libéré» tout le territoire du nord malien qui revient de «droit» du peuple azawadi. Du coup, l’Algérie aura un nouveau pays du nom de «Azawad». D’importants changements sur la carte géographique, politique et stratégique au Sahel
De mal en pis, la région du Sahel subit ces derniers mois une rébellion des plus sanglantes des Touaregs et des plus importantes depuis des années de conflit armé. Les rebelles touareg ont pris toutes les villes du nord du Mali, voire les plus importantes. Agheloc, Kidal, Gao et c’est maintenant au tout de Tombouctou de tomber entre les mains des Azawadis révoltés. En face, l’armée malienne n’a pratiquement opposé aucune résistance. Bizarre. S’agit-il d’une tactique de guerre ou simplement d’une faiblesse de l’armée ma-lienne ? L’erreur fatale des responsables de l’armée malienne a été d’opter pour le coup d’Etat qui a renversé le président malien Amadou Toumani Touré (ATT). Le putsch au Mali avait donné un second souffle aux rebelles touareg et une volonté sans limite qui leur ont permis d’avancer et de mener une forte rébellion. A cause du putsch, les militaires mutins maliens ont aussi perdu beaucoup de terrain et renoncer à la résistance, car en face leur ennemi était beaucoup plus fort et déterminé à aller jusqu’au bout. Cette erreur irréparable de l’armée malienne va leur coûter très cher, car le pays sera, fort probablement, divisé en deux. Ce sont les graves conséquences d’un putsch. Apparemment, les militaires mutins maliens ne savaient pas que les choses aller se dégrader de cette façon et ont sous-estimé la force de leur ennemi, les Touaregs. Face à cela, l’Algérie est dans le jeu. Pourquoi et comment ? Non seulement Alger sera doublement affecté avec tout ce qui se passe à ses frontières, et sera tôt ou tard la cible des terroristes salafistes qui semblent sérieusement «profiter» de cette situation. Avec le conflit armé qui se poursuit au Mali, un pays sombrant dans le chaos, les groupes terroristes de différentes organisations ont tiré profit de la situation. Ils sont arrivés à se doter de nouvelles armes, à recruter de nouveaux combattants et gagner du terrain, car il faut admettre qu’aujourd’hui les salafistes armés ont mené des attaques de «soutien» aux rebelles touareg, bien que le MNLA ait refusé la connexion avec les terroristes.
MUJAO, Ansar Edine, Al Qaïda et le Sahel
Alger vient d’être interpellé par le MNLA qui lui a adressé un rapport sur la situation, à l’instar des autres pays voisins. Ce n’est pas tout. Le Mouvement azawadi se prépare d’ores et déjà à annoncer la création de son propre Etat. Un pays qui sera voisin de l’Algérie ce qui signifie qu’un changement de taille aura lieu dans la région, et ce, dans les jours qui viennent. Un changement qui intervient suite à une autre modification dans la partie Est des frontières algériennes. Il s’agit du voisin libyen où le CNT a réussi à prendre les commandes du pays après la chute de l’ex-régime libyen. Tout ce chamboulement dans la région du Sahel et au Maghreb a conduit à la naissance de nouvelles organisations terroristes qui aujourd’hui mènent leurs combats dans le but d’instaurer la Charia dans la région. On parle là des groupes terroristes d’Ansar Edine ou encore du Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) qui s’ajoutent à Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), présente depuis l’année 2006 au Sahel. Comme l’atteste la vidéo qui a largement circulé ces derniers jours, le mouvement Ansar Edine réclame que son objectif est l’instauration de la Charia au Mali et non pas seulement dans l’Azawad. Il faudra rappeler que le nom «Ansar Edine» n’est pas fortuit. Cette association salafiste créée en 1983 à Bamako et qui compte les noms de tristement célèbres salafistes tels que Chérif Ousmane Haïdara et Mohamed Dicko, tous deux bien connus pour avoir planifié la mort du code de la famille au Mali et déclaré publiquement leur engagement politique à influer les résultats des élections présidentielles à venir au Mali, ont certainement trouvé des oreilles attentives pour œuvrer dans le même sens sur le territoire de l’Azawad, espérant l’effet domino qui consiste à perturber les élections présidentielles en se positionnant comme recours ultime en tant que médiateurs. La même association a décidé, contre toute attente, d’opter pour la voie armée pour instaurer la Charia au Mali. Profitant de cette décision, les terroristes d’Aqmi ont réussi à faire adhérer Ansar Edine à leur cause. Le pire est à venir.
Par Sofiane Abi
