Un projet ansej bloqué durant 4 ans: Le grain de sable administratif

Un projet ansej bloqué durant 4 ans: Le grain de sable administratif
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L’accompagnement des jeunes investisseurs par les différents secteurs est impératif pour leur réussite.

«Je me sens solitaire. Personne ne veut me faciliter la tâche pour concrétiser sur le terrain mon projet. M.le ministre.» C’est avec ces phrases- là pleines de déception et de colère que Hayet, jeune, originaire de Fouka, dans la wilaya de Tipasa, investisseur dans la production d’engrais agricoles, s’est adressée avant-hier au ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi.



Le ministre s’est arrêté devant le stand de Hayet au Salon des jeunes investisseurs dans le secteur agricole pour entendre cette plainte.

Hayet qui a pu convaincre les membres de la commission de l’Ansej et le service des crédits auprès de la banque quant à la pertinence de son projet et la valeur ajoutée qu’il pourra apporter au secteur agricole, peine à le faire aboutir et arriver à la production. Tout le matériel qu’elle a acquis depuis maintenant quatre ans ne lui a pas servi d’alibi pour convaincre les responsables de la direction de l’hydraulique de sa wilaya, afin de lui délivrer une autorisation pour qu’elle puisse extraire de la boue au niveau des barrages et l’utiliser comme matière première dans la fabrication de ses produits. Cette matière est indispensable dans la fabrication des engrais. Les tentatives qu’elle a osé entreprendre pour extraire cette matière sans l’aval des responsables de cette direction lui ont valu, témoigne Hayet, des soucis avec la justice. Selon notre interlocutrice, son projet est le premier du genre en Algérie. Tous les engrais utilisés jusque-là en Algérie pour l’agriculture sont importés avec de la devise, d’où d’ailleurs, explique notre vis – à- vis, leur cherté sur le marché et leur utilisation timide par les agriculteurs.

LG Algérie

Avec le matériel qu’elle possède, l’investisseur de Fouka, affirme qu’elle peut produire 7 tonnes d’engrais /jour. Cette quantité peut lui permettre d’écouler son produit sur le marché à 7000 DA le quintal. Ce montant fera économiser aux fellahs 5000 DA par rapport à son prix actuel sur le marché 12.000 DA, a-t-elle souligné. Interrogée sur comment elle fait pour rembourser son crédit auprès de la banque, Hayet dira que pour cette première année de remboursement, elle a pu se débrouiller avec le peu d’argent qui lui restait du montant du crédit qu’on lui a accordé, mais pour les années qui viennent, elle dit franchement «je suis inquiète». Le ministre Sid Ahmed Ferroukhi qui n’était pas resté sans émotion en écoutant ses propos, ne s’est pas empêché non plus de lui reprocher sa précipitation dans le choix de son projet, en lui faisant remarquer que son projet manque de maturité. «Bien que nous sommes dans notre secteur pour l’invention et la modernisation des outils de travail. La faisabilité du projet et surtout son zéro impact négatif sur l’environnement doivent toujours primer», lui a signifié par ailleurs le ministre.

Il faut dire que les responsables de la direction de l’hydraulique de la wilaya de Tipasa, ont toujours justifié leur refus, indique Hayet, en avançant l’impact négatif de l’extraction de la boue des barrages sur la buvabilité de l’eau et sur la solidité de l’infrastructure du barrage elle-même.

Ces derniers ont aussi avancé que la délivrance d’une autorisation pour elle susciterait la curiosité des autres investisseurs qui demanderont pareille chose. Soulignons enfin que le cas de Hayet n’est pas seul dans sa catégorie, car beaucoup d’autres jeunes ont connu la même situation et beaucoup d’entre eux, à cause de la précipitation, se sont retrouvés en faillite et ce en plus de la saisie par les banques de leur matériel de production.